jeudi 12 avril 2007

Alain Etchegoyen


Alain Etchegoyen est mort il y a quelques jours. C'était mon prof de philo quand j'étais en Terminale C à Louis-Le-Grand. J'en garde un excellent souvenir. Très pédagogue, en même temps calme mais passionné. Je me souviens notamment de cours remarquables sur Kant, tant sur la morale que sur l'art; et ce n'est pas tout à fait un hasard si je suis aujourd'hui encore très "kantien" dans mes schémas de pensée. Son cours sur le marxisme était pas mal non plus. Je l'avais comme prof à l'époque où il a écrit son excellent livre, plus que jamais d'actualité, "La démocratie malade du mensonge". Il fondait une partie de son argumentation sur un...western "L'homme qui tua Liberty Valance" (ce qui valut d'ailleurs lors de son passage à Bouillon de Culture une discussion savoureuse avec Raymond Barre (un bientot futur disparu ??), autre grand amateur de western...). Soit dit en passant, c'est dans ce western qu'il y a l'une des plus grandes répliques du cinéma américain : "It was MY steak !".
Etchegoyen avait un esprit très ouvert, s'appuyant sur la recommandation de son maitre Michel Serres de se frotter sans arret au réel. En plus de Louis-Le-Grand, il enseignait aussi dans un lycée "défavorisé" de Gennevilliers et intervenait comme conseiller dans divers entreprises et a conseillé Claude Allègre (pas sur que ce fut une réussite...). Il a été nommé Commissaire au Plan avant la suppression du Plan par De Villepin. C'est amusant car lors d'une séance d'analyse conceptuelle sur des mots ou des notions en classe il y avait eu notamment le mot "plan", c'était moi qui était passé au tableau d'ailleurs. Il avait déja parlé du Plan à l'époque.

mardi 10 avril 2007

L'erreur slovaque





Petit coup de gueule contre les chemins de fer slovaques (si, si) qui viennent de remplacer les superbes (vieux) tramways qui ont bercé (par leur crissement mélodieux) mes vacances dans les Tatras (c'est l'extrêmité Nord des Carpates) quand j'étais petit. Ils parcouraient une ligne à voie étroite depuis le plateau de Poprad jusqu'à Strbske Pleso, une station de ski et départ de randonnée via un petit village pittoresque, Stary Smokovec. Or, ces tramways avec leurs superbes pantographes, leurs formes rondes et leur cyclopéen troisième phare frontal (viz photo) viennent d'être remplacés par des espèces de "boites" parallélépipédiques, ultralaides qui ressemblent à un mini-RER en légo (par forcément ce que vous avez envie de voir en vacances). Je sais qu'il faut moderniser les chemins de fer mais on aurait pu garder le charmant design ancestral pour le nouveau matériel. A part ça, n'hésitez pas à passer vos vacances dans les Tatras, je vous donne en lien un site avec quelques photos (cliquez sur les dossiers pour voir les photos) pour vous faire saliver. C'est à peu près la seule partie intéressante à visiter de la Slovaquie...


http://www.tatry.cz/fotografie/Hory/Tatry%20Wysokie/index.php

jeudi 5 avril 2007

Pas si pucelle...

Ce n'était pas un Poisson d'Avril : les supposés restes de Jeanne d'Arc conservés à Chinon sont bien...des restes d'une momie égyptienne. Les morceaux de momie issus du pillage des tombes faisaient partie jusqu'au XIXème siècle de la pharmacopée "placéboesque" de l'époque. Le faussaire n'a donc pas eu du mal à en trouver. Il a même poussé le vice à ajouter au morceau de côte un morceau de bois calciné et un os de chat, car le public assistant aux exécutions de "sorcières" au Moyen Age jetaient des chats dans le bucher (pauvres bêtes...).
Ce petit épisode nous rapelle l'un des aspects les plus ridicules de la religion chrétienne : les reliques. Une passion macabre, une idolatrie et la dévotion aux Saints qui est une sorte de retour partiel et déguisé au Ppolythéisme avec un Saint patron de ceci, un Saint Patron de cela, tout comme il y avait des Dieux pour tel ou tel domaine ou métier à Athènes ou à Rome. Qu'importe si les reliques sont vraies ou fausses, que le Suaire de Turin date du XIVème siècle, l'important c'est d'y croire. L'important n'est pas le réel, mais de croire au Père Noël. Mais l'Eglise sait se moderniser : au lieu d'attendre quelques dizaines d'années comme le veut la tradition, l'Eglise cède à la pression médiatique et démagogique de son temps en canonisant par voie expresse Karol Wojtila. Pour une personne guérie de la maladie de Parkinson (le soit disant miracle alors que des guérisons spontanées existent par ailleurs même sans intervention du pape), combien de dizaines de milliers de personnes sont mortes avec leur maladie malgré les bénédictions papales ? Où sont les statistiques ? Ah oui, pardon...ici on entre dans le monde réel.

vendredi 30 mars 2007

Des stratégies de publication de Darwin

On en sait un peu plus sur la genèse d'un des livres les plus importants (voir le plus important) pour l'humanité, je veux bien sur parler de "De l'origine des espèces" de Darwin. On sait que Darwin a découvert les principales notions sur l'évolution et ses mécanismes vers 1837 mais le livre n'est sorti qu'en 1859. La théorie classique est que Darwin avait retardé la publication par peur de la controverse avec les religieux qu'il allait causer, sachant parfaitement qu'il risquait de durablement dynamiter la crédibilité de ces derniers et donc par une sorte d'autocensure. D'après un article de Nature relatant les recherches d'un historien des sciences de Cambridge, la réalité semble plus subtile que cela. Darwin n'a pas vraiment caché la théorie de l'évolution pendant ces 22 ans. Elle apparait dans un certain nombre de lettres écrites à ses collègues, sa famille, ses amis. En fait, il a passé 22 ans à la peaufiner, à rassembler de nouveaux arguments et à trouver des solutions aux cas qui contredisaient en apparence sa théorie (par exemple la non-reproduction de certaines castes dans des sociétés animales (abeilles...)). Donc Darwin a bien retardé la publication de ses réflexions, mais pas par autocensure, mais plutot par volonté au contraire d'être plus fort pour abattre tous les murs qui allaient se dresser contre lui. Néanmoins il a quand même traité le cas de l'évolution humaine à part, dans un livre paru plus tard (The Descent of Man). Dans l'introduction à ce livre, il avoue effectivement un retard volontaire pour cet aspect particulier, sachant la question de l'origine humaine particulièrement sensible. Disons qu'il a été habile, en séparant artificiellement l'homme du reste il a d'abord attendu que sa théorie concernant plantes et animaux commence à être accepté pour placer ensuite tout naturellement l'homme à sa place dans l'arbre de la vie, c'est-à-dire sur une petite branche dans un coin au milieu des autres espèces, avec des mécanismes d'apparition identiques à ses cousins.

mardi 27 mars 2007

Je lave mon cerveau plus blanc avec la pub


Attention franchissement de la ligne jaune ! Voila ce qu'on pense en lisant l'article du Monde :



http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-888406@51-888522,0.html

concernant le neuromarketing, une discipline qu'il s'agit d'étouffer dans l'oeuf le plus vite possible.
L'expression "Du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola" prononcée par l'une des personnes les plus nocives et les plus toxiques de France (le PDG de TF1) est en passe de devenir réalité. Les procédés d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle permettent de connaitre les régions du cerveau qui s'activent lors d'un stimulus particulier. La localisation des zones cérébrales activées est basée sur un effet lié à l’aimantation de l'hémoglobine contenue dans les globules rouges sanguins. L’hémoglobine se trouve sous deux formes : les globules rouges oxygénés venant des poumons contiennent de l’oxyhémoglobine (molécule non active en RMN ou résonance magnétique nucléaire) ; les globules rouges désoxygénés par les tissus contiennent de la désoxyhémoglobine (paramagnétique donc visible en RMN). Dans les zones activées par le stimulus, une petite augmentation de la consommation d'oxygène par les neurones est surcompensée par une augmentation importante de flux sanguin. Il en résulte une diminution de la concentration de désoxyhémoglobine, ce qui est visible grâce à la résonance magnétique.
Cette technique géniale qui apporte des éléments très intéressants sur le fonctionnement du cerveau dans un but scientifique et thérapeutique est en train d'être détournée pour être un instrument de mesure permettant de connaitre l'efficacité de spots publicitaires. Il est en effet possible de prédire l'intéret d'une personne pour un objet en regardant l'activation de réseaux neuronaux dans des régions bien particulières du cerveau.
Déja des sociétés privées se sont engouffrés dans la brêche dont une française qui travaille avec la régie de pub Lagardère. Ils cherchent à optimiser la mémorisation d'une campagne de pub en fonction de la fréquence des spots sur les différents supports publicitaires.
Ces dérives sont dangereuses et un pas est franchi dans la manipulation mentale que constitue la publicité. De toute manière, il faudrait déja interdire toute publicité pour des enfants de moins de 10 ans (ce qui aurait pour effet d'éliminer toutes les chaines privées pour enfants et donc de faire revenir dans le giron public et donc démocratique les émissions pour enfants qui deviendraient bien moins idiotes...), interdire tout démarchage par courrier et téléphone et surtaxer les pubs pur les produits polluants (voiture...) ou nocifs (Coca-Cola justement).
En ce qui concerne le neuromarketing, il faut que le public soit informé de quels spots ou campagnes publicitaires ont fait l'objet de ces procédés.

jeudi 22 mars 2007

De la domestication de la vache Milka

Une étude très intéressante dans le PNAS du 6 mars (Burger J et al.) qui concerne l'évolution de la capacité à digérer le lait. La plupart des Mammifères perdent la capacité de le faire après sevrage car il y a une diminution irréversible de l'expression d'une enzyme (la lactase phlorizine hydroxylase). Certaines populations humaines présentent cependant un maintien de l'expression de cette lactase, un caractère codé génétiquement (donc transmissible) mendélien et dominant. Ce trait est très répandu dans les populations d'Europe Centrale et du Nord et fréquent ailleurs en Europe, beaucoup plus rare ailleurs. Tout provient d'une petite mutation (un T au lieu d'un C) dans la base N°13910 en amont du gène de la lactase, comme quoi bien digérer son lait matinal tient finalement à peu de chose...La capacité de digérer le lait offre un avantage sélectif évident aux personnes qui le possède : ils ont une source de nourriture plus diversifiée. Deux hypothèses pour expliquer son évolution : l'hypothèse "culturelle-historique" : la persistance de l'expression de la lactase était très rare parmis les humains jusqu'à la domestication d'espèces qui produisent du lait (bovins, ovins... qui auraient dons été domestiqués pour des raisons indépendantes à la production laitière (cuir, laine, viande...)). Le caractère s'est alors répandu dans la population car l'accès à la digestion du lait (intialement un sous-produit sans grand intérêt pour les humains) a apporté un avantage sélectif considérable. L'autre hypothèse est "inverse" : ce sont les populations qui naturellement possédaient une fréquence plus grande de persistence de lactase qui ont domestiqué les animaux qui produisent du lait, avec cette fois-ci le lait comme production princeps. Laquelle des hypothèses est dominante ? (elles ne sont pas mutuellement exclusive; l'histoire a pu commencer par l'hypothèse "inverse", puis la fréquence de la persistence de la lactase a été renforcée par l'autre mécanisme). Les auteurs ont réussi à séquencer de l'ADN provenant de restes de 9 humains du Néolithique à travers l'Europe, l'époque où commence la domestication d' animaux produisant du lait. Or ils n'ont pas l'allèle qui permet la digestion du lait. L'hypothèse "culturelle historique" semble donc l'emporter, même si on peut toujours gloser sur le faible échantillon proposé, mais leur étude est déja un petit exploit.

mardi 20 mars 2007

La sondagite en plaques

Une véritable épidémie cette année. On ne peut pas avoir une émission de télé ou de radio sur l'élection présidentielle sans que ce soit le centre d'intéret principal du journaliste : les sondages. On ne parle plus tant des projets, des programmes, des propositions mais ce que pense XX de la montée de XY ? Et si cette montée ne prend pas des voix à YY ? (je vous laisse deviner qui est YY mais ce n'est pas très difficile...la testostérone rend agressif...). Et si on parle de propositions on se demande immédiatement si un(e) tel(le) ne les propose pas pour contrer la montée d'un(e) tel(le). Or les sondages, comme tout outil statistique, sont à prendre avec d'infinis précautions (en dehors du fait que Laurence Parisot, présidente du MEDEF, qui roule pour le petit Nicolas est directrice d'un institut de sondage...). D'abord il y a un problème d'échantillonage. Le Canard Enchainé révélait que le quart de la population n'est pas atteignable par les sondages (causes : refus de répondre, possession que d'un portable alors que les enquêtes se font par téléphone vers les numéros des fixes, pas facilement joignable (les personnes qui travaillent à horaires décalés)...). Il y a un déficit de jeunes et de personnes de milieu poupulaire dans l'échantillon. Les instituts de sondage le savent et corrigent à la main...en fonction des résultats de l'élection précédente. Or 2007 ne ressemble en rien à 2002 (tout comme 2002 a été très différent de 1995 c'est le moins que l'on puisse dire...). Ensuite, il y a les marges d'erreur dont on ne parle jamais mais qui peuvent atteindre 3 voire 5 % ce qui peut changer grand'chose !! Une manière de présenter plus honnêtement les sondages serait de le faire comme dans les graphiques suivants (vous reconnaitrez facilement qui est qui dans les courbes).

lundi 19 mars 2007

Harry Potter 7

Très vives discussions sur les différents sites consacrés à Harry Potter pour trouver ce qu'il se passera dans le dernier épisode. Voici donc ma position sur deux points principaux :

* Severus Snape est finalement gentil. Snape était le candidat pour le méchant dans le premier Harry Potter et finalement ce n'était pas lui (mais le Prof Quirell parasité par Voldemort...). Après, il naviguait entre le pathétique, le cynique et le désagréable mais finissait toujours du coté de Dumbledore et de l'Ordre du Phénix. Le sixième livre présenterait un nouveau retournement où Snape (alias le Prince aux sangs mêlés) deviendrait méchant. Il tue notamment Dumbledore. En fait, je pense que cela fait partie d'une gigantesque machination contre Voldemort et que le sacrifice de Dumbledore fait partie d'un plan. Dumbledore est bien mort, il n'y aura pas de retour à la Gandalf à mon avis mais n'oubliez pas que les anciens directeurs de Hogwarts survivent sous la forme des portraits qui sont accrochés dans le bureau de la Tour d'Astronomie où siège désormais la nouvelle directrice McGonagall. D'ailleurs JK Rowling précise que le portrait de Dumbledore est bien apparu avec un Dumbledore "endormi". Cela veut bien dire qu'il va se réveiller dans le 7 et continuer à distiller des conseils et à contrôler à distance les opérations... En ce qui concerne le sacrifice de Dumbledore avec l'aide de Snape, je viens de relire Le Prince aux sangs mêlés et rien ne permet de contredire cette hypothèse, au contraire, je la trouve renforcée. Exemple : la mort de Dumbledore elle-même : dès qu'il voit Snape il le supplie..."Please, please...". On pense tous qu'il le supplie de l'épargner. Or logiquement Dumbledore, qui fait confiance à Snape, devrait plutot être rassuré par sa venue. En fait, il le supplie de le tuer comme prévu dans le plan.

* Harry Potter est un Horcrux. Je suis persuadé que dans la liste des sept Horcruxes que Dumbledore cite il y a une erreur (involontaire ou volontaire et dans ce cas cela fait partie du plan...) et que Voldemort devait tuer Harry pour faire un septième Horcrux (la séparation de l'âme pour créer un Horcrux est liée à un meurtre). Or cela a échoué mais pas complètement : le survivant Harry est devenu lui-même un Horcrux à la suite du meurtre de ses parents. C'est sa cicatrice qui a un lien direct avec l'âme de Voldemort, ce qui est d'ailleurs maintes fois répété dans les différents livres. Et JK Rowling ne rate jamais une occasion de noter un parallèle ou une similitude entre Harry et Voldemort : c'est tout simplement qu'une partie de l'âme de Voldemort se trouve dans Harry. Ce qui protège Harry de devenir méchant avec une telle âme : l'amour de ses parents et ça, Dumbledore le dit explicitement à Harry dans le Prince aux Sang-Mêlés. Donc problème : Harry Potter doit éliminer les Horcruxes, or il en est un lui-même !!! Ca c'est une superbe intrigue pour le 7 !! Il y a aussi un problème avec la prophétie...On sait que l'un (Harry ou Voldemort) doit tuer l'autre pour survivre. Mais Dumbledore n'arrête pas de dire à Harry que la prophétie ne se réalise que parceque des gens y croient...Si Harry continue à y croire, il résoudra la contradiction liée à son statut de Horcrux.

Bon, maintenant je souhaite de tout coeur avoir faux, car finalement, cela m'embêterait de ne pas être surpris en lisant le 7ème Harry Potter en Juillet prochain. Mais je fais confiance à JK Rowling...

mardi 13 mars 2007

Rats des villes et rat des champs transgéniques

D'après un article publié dans une revue de toxicologie (dont Le Monde rend compte aujourd'hui
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-882385@51-852781,0.html ), il semblerait que le maïs transgénique de la firme Monsanto qui produit une substance qui tue un parasite du maïs (la pyrale) soit toxique pour le foie et pour les reins, ou en tout cas change certains paramètres de fonctionnement de ces organes, ce qui aboutit notamment à des changements dans la composition des urines. Le tout a été fait chez le rat.
L'originalité de cette étude est que les expérimentations et les chiffres bruts proviennent d'expériences de la firme Monsanto elle-même, classés secrets (pourquoi d'ailleurs ?), mais que Greenpeace a pu obtenir à la suite d'un procès en Allemagne. Les "chercheurs" de la firme, sans doute confortablement rémunérés par Monsanto, avaient conclu à l'inocuité du maïs (Dans la série "on ne trouve que ce qu'on cherche"). Ils avaient bien vu des effets sur le foie, mais comme "les effets étaient différents chez les mâles et chez les femelles alors ce ne devait pas être bien grave" : un raisonnement très pertinent effectivement...
Le coeur de la contradiction entre les "Monsanto" et le labo français à qui Greenpeace a demandé de retraiter les données concerne la variabilité. Le labo français s'est concentré sur les différences observées après ingestion d'un maïs transgénique (chez des rats) et des ingestions d'un maïs de la même souche, mais non transgénique. Monsanto a plutot insisté sur la comparaison avec d'autres souches de maïs et montré que la variabilité des paramètres entre maïs transgénique et non transgénique est du même ordre que celle entre des maïs de différentes souches et donc qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. C'est un peu comme si vous mangiez un coup du maïs mexicain et un autre coup un maïs péruvien. Effectivement, les rats ne semblent pas mourir en masse en mangeant du maïs Monsanto et les millions d'Américains qui consomment ce maïs sont toujours à peu près vivants. Néanmoins, il faudrait s'interroger sur le fait qu'en ajoutant un seul gène dans un maïs, on fait varier d'autant des paramètres physiologiques qu'en changeant de souche qui diffère sans doute sur de multiples allèles. C'est que le gène introduit n'est pas si anodin que cela et cela mérite apporfondissement, ce que les Monsanto's boys and girls se sont bien garder de faire, après tout le but de leur "recherche" est de trouver des arguments a minima pour convaincre la population qu'ils ne vont pas mourir tout de suite après avoir bouffer leur pop corn. Qu'ils meurent dix ans ou vingt ans plus tard, ils n'en ont rien à faire; ça ne se verra pas trop ou en tout cas pas tout de suite (et puis d'ici là on aura suffisamment accumuler de dividendes pour qu'une partie serve à indemniser les victimes si d'aventure on en arrive à un procès...).
Ce joyeux épisode montre la nécessité de mettre en place un organisme indépendant de tout financement privé (donc 100% public) qui fasse des recherches en toute transparence sur les nouveaux produits et technologies avant mise sur le marché. Le problème se pose pour les OGM ou pour les téléphones portables (antennes et combiné) et aussi pour les nanotechnologies. On ne peut pas faire confiance aux études menées par des "chercheurs" payés par les firmes car ces dernières se retrouvent être juge et partie (autre scandale récent : la commission sur les antennes de portable avec des gens payés par les opérateurs de téléphonie mobile dedans). Il faut que les études soient menées par des gens qui gagneront à la fin du mois la même somme et qui auront la même carrière si ils disent que le produit X est OK ou toxique, sinon le jeu est biaisé, la nature humaine étant ce qu'elle est. C'est la seule manière finalement de remettre de la confiance entre la population, la technologie et le progrès, car ces derniers ont été tellement privatisés et associés à des mensonges ("mais non la cigarette ne peut pas provoquer de cancer") que le grand public est devenu, à juste titre, très méfiant. Aucune nouvelle technologie n'est sans risque, or nous en avons besoin pour régler nos problèmes. Mais il faut avoir une vision claire des couts et des bénéfices.

samedi 10 mars 2007

Votre bus en l'air


L'aérobus (voir http://www.aerobus.com/home.html ), est un mode de transport à mi-chemin entre le métro aérien et le téléphérique. Son avantage est le cout (il coute 20 fois moins qu'un métro et 10 fois moins qu'une voie de chemin de fer classique) et surtout sa faible emprise au sol (un pylone tous les 500 mètres + les stations), ce qui permettrait de le placer même dans des zones fortement urbanisées. On peut très bien imaginer des pylones obliques ou en arc, ce qui pourrait faire circuler l'aérobus au-dessus des autoroutes ou des nationales assez larges en Ile-de-France par exemple. L'aérobus peut transporter jusqu'à 300 passagers ce qui permettrait d'avoir une capacité intermédiaire entre une ligne de tramway et un métro. Un tel système existe déja au Canada, en Allemagne et bientot en Chine à Weihai, une ville de 2,5 millions d'habitants. C'est très rapide à construire (surtout par rapport à un métro). Une solution pour le Métrophérique ou Orbitale qui doit faire le tour de Paris en banlieue ?? Car si il faut attendre le projet type métro entre le financement et les travaux des tunnels ce n'est pas avant 2020-2025. Or il y a urgence. La situation se dégrade de mois en mois dans les transports franciliens, même sur des lignes plutot correctes jusqu'à présent comme le RER A. Il est clair que la saturation est totale aux heures de pointe. Cela se sent très bien quand on considère que pendant les vacances, tout fonctionne à peu près bien, mais dès que la "masse de bétail" revient, c'est de nouveau poussif. Donc qu'est-ce qu'on attend pour s'envoyer en l'air ??

jeudi 8 mars 2007

Ecce Von Economo


Le dernier "Science" du 2 Mars apporte des éclairages intéressants sur l'évolution de notre cerveau. On a toujours à l'idée que notre cerveau est plus grand que celui des singes et que "the bigger, the better". Cette dernière assertion n'est pas forcément vrai. Les Néandertals avaient des cerveaux plus gros que les notres et pourtant ils ont clairement perdu leur place dans la biosphère, sans même laisser de jolis peintures rupestres comme leurs cousins survivants. Et des études montrent que le lobe frontal de notre cortex qui intervient dans des processus cognitifs complexes ne serait, proportionnellement à la taille, pas forcément beaucoup plus grand que ceux des singes (ce point est discuté cependant). Plus que la quantité, ce serait la qualité qui compte. D'où l'intérêt de la découverte de l'équipe de l'américain Hof qui montre qu'il existe un type de neurone particulier dans le cerveau de la sous-famille de primates où se trouve l'homme (avec les chimpanzé et le gorille). Ces neurones s'appellent des neurones de Von Economo (sic) du nom de l'autrichien qui les a observés en premier. Ces neurones se trouvent dans des régions du cerveau qui interviennent dans des comportements sociaux tels que l'empathie, la confiance, le sentiment de culpabilité...L'homme a plus de ce type de neurones que les chimpanzés ou les gorilles et ils sont plus grands chez nous (nananèèreuu). Et des patients atteints de démence et de comportement "anti-social" (je cite mais j'aurais voulu avoir des détails sur ce qui est considéré comme anti-social...) présentent 74% de moins de ce type de neurones que des personnes "normales" (je cite mais j'aurais voulu avoir des détails sur ce qui est considéré comme normal...). Il faut bien sur se garder de penser qu'on a trouvé le Graal qui explique tout sur l'origine de l'homme. Mais c'est une contribution intéressante. Autre point : il existerait des neurones de Von Economo chez...les baleines. L'article n'est pas clair sur la manière de caractériser ces neurones. Est-ce juste leur forme particulière ? (dans ce cas, l'argument est faible) ou y'a-t'il des marqueurs moléculaires à disposition ? Les connexions sont-elles "homologues" ? Il s'agit probablement au mieux d'une convergence évolutive (la baleine étant la descendante d'une espèce proche de la vache...ou alors j'ai sous-estimé les capacités d'empathie, de confiance et de culpabilité de ces charmants ruminants...).

lundi 5 mars 2007

Just pure genius

http://www.youtube.com/watch?v=vlk0Y4YjX2g

Je crois que ça se passe de commentaires.

samedi 3 mars 2007

Incroyable ! Un roman sur l'Egypte NON antique

Je viens de terminer le roman "Impasse des deux palais" de Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature 1988 et surnommé le "Zola du Nil". Aimant beaucoup Zola (et le Nil), ce livre devait m'intéresser. Il s'agit d'un portrait naturaliste et sans concession d'une famille du Caire durant la première guerre mondiale et les premières émeutes nationalistes anti-anglaises de 1919. Cette famille est dominée par une figure paternelle autoritaire qui va voir les digues qu'il a construit entre sa femme, ses enfants et le monde extérieur se briser une à une. Il va se rendre compte que sa femme, théoriquement cloitrée selon la tradition machiste autojustifiée par la religion, sort en cachette pour visiter une mosquée, que l'un de ses fils mène en dehors de la maison une vie aussi débauchée que la sienne, et que l'autre de ses fils s'engage contre les anglais. Ce livre est le début d'une trilogie; je n'irai pas jusqu'à lire les 2 livres suivants car je sature un peu, mais la lecture fut plaisante.
A propos d'Egypte, antique cette fois, j'attends toujours avec impatience l'adaptation au cinéma du sublissime "Sinouhé l'Egyptien" de Mika Waltari. Si quelqu'un a le mail ou le numéro de téléphone de Jean-Jacques Annaud pour lui soumettre le projet, je suis preneur. Il serait parfait pour cela.

mardi 27 février 2007

And the winner is...

Alors que la cérémonie des Oscars a eu lieu à Hollywood, intéressons-nous à la protéine Oskar de la Drosophile qui fait l'objet d'un intéressant article dans le dernier Current Biology. J'avoue que je ne sais pas pourquoi cette protéine à ce nom...souvent chez la Drosophile on nomme les gènes et les protéines correspondantes d'après l'aspect des embryons, des larves ou des adultes mutants : ce qui donne les gènes "gurken" (c'est à dire concombre en allemand), "dishevelled" (désordonné en anglais), "hedgehog" (hérisson dont l'un des homologues chez les Vertébrés est devenu Sonic Hedgehog d'après le nom du personnage de jeu vidéo en vogue à l'époque (fin des années 80), "hunchback" (bossu), "twist" (torsion, tordu), "aubergine"...etc..
Oskar est très importante car l'ARN messager qui sert à la fabrication de cette protéine est localisé dans une région de l'ovocyte qui correspond à la future région postérieure de l'embryon, là notamment où vont prendre naissance les cellules germinales. Si Oskar n'est pas localisé correctement à ce pole postérieur, l'embryon est désorganisé. Qu'est-ce qui permet de localiser l'ARN messager d'Oskar dans l'ovocyte ? Un réseau de rails cellulaires, les microtubules, qui ont la particularité d'être des rails orientés avec un bout dit "+" et un bout dit "-". Dans l'ovocyte de Drosophile tous les bouts "+" des microtubules pointent vers la future région postérieure, justement là où Oskar doit s'accumuler. L'ARNm d'Oskar parcourt ces rails grâce à une locomotive, la kinésine, qui ne peut voyager qu'en direction du bout "+" (il existe une autre locomotive pour aller vers les bouts "-" c'est la dynéine; mais Oskar ne peut interagir pas avec elle d'où son accumulation vers la région "+"). L'article de Current Biology montre que c'est plus compliqué. En fait l'orientation des rails microtubulaires est maintenu par Oskar !! C'est un peu comme si les wagons maintenaient les rails en place. Un peu de l'ARNmessager d'Oskar est traduit en protéine dans la région postérieure et stabilise les poles "+" des microtubules permettant ainsi à leur petits copains ARNm Oskar de venir plus efficacement et plus rapidement à destination. Il s'ensuit une boucle de régulation positive, plus il y a d'Oskar plus il y a de bouts positifs ce qui amène encore plus d'Oskar. Toutes mes félicitations aux heureux gagnants !!

mercredi 21 février 2007

Sarkoland et la banlieue

Allez voir sur le toujours excellent Blog "Paris est sa banlieue" cet article :

http://parisbanlieue.blog.lemonde.fr/2007/02/19/on-va-transformer-notre-quartier-en-banlieue-ou-quand-auteuil-donne-le-ton-a-la-mixite-sociale/

Ghetto de riches contre ghettos de pauvres : la fracture sociale se traduit désormais en fracture territoriale. La population française se fractionne en clans, en tribus, en chapelles. Ce n'est pas tant la diversité qui est le problème mais l'enfermement. C'est comme si dans une famille chacun s'enferme dans sa pièce. Ca commence à sentir le moisi. Et ce n'est pas Nicolas S. qui va aérer tout ça...

mardi 20 février 2007

Le coureur sur la lame


Je viens de (re)voir le film "Blade Runner" de Ridley Scott sorti en 1982. Je mets le "re" entre parenthèses car je l'avais vu quand j'avais 16 ou 17 ans et j'avais été déçu par l'histoire. Maintenant, je sais apprécier un film en dehors de la simple "histoire". Elle est néanmoins basique : des "replicants" (des robots humanoïdes presque parfaits - tout est dans le "presque") se rebellent, s'échappent et essaient de contrôler leur destin dans le Los Angeles de 2019. Un ex-flic (Harrisson Ford, anti-héros à mille années-lumières d'Indiana Jones et de Han Solo) est chargé de les éliminer. Mais le génie se cache dans les mille et un détails, les petites phrases (le fameux "All will vanish like tears in the rain"). L'essentiel de l'attrait du film tient dans l'atmosphère, la cinématographie (lumières, cadrage, couleurs), la musique (de Vangelis, toujours très prenante malgré le gros son synthé qui tâche des années 80). C'est très esthétique punk-apocalyptique mais touché par des moments de grâce et de poésie. Même les scènes de tuerie sont belles (le robot-femme qui se prend trois balles dans le dos en courant et en traversant des vitrines). La version "Director's cut" prête volontairement à diverses interprétations du film ce qui renforce son intérêt. Seul ombre au tableau : je me demande si ce film n'est pas un exemple de publicité sauvage : plusieurs des gigantesques néons qui ornent les murs de la ville vantent une célèbre marque de soda brun foncé, d'autres néons montrent les initiales d'une marque d'appareils électroniques. C'est peut-être fait pour être réaliste...Mais la production a-t'elle été payée par ses marques bien visibles pour apparaitre aussi clairement à l'écran ?

samedi 17 février 2007

Un sujet épicé


Petit article intéressant dans le dernier "Science" (16 Février 2007) sur l'origine du piment (Capsicum sp.). Ce légume-épice que l'on associe très souvent à la cuisine orientale prend son origine à l'autre bout de la planète puisqu'il est originaire d'Amérique du Sud. Ainsi, la mal nommée Capsicum chinense (l'une des cinq espèces cultivées) vient d'Amazonie. Les auteurs (Perry et al.) ont montré en effet que le piment est cultivé et utilisé depuis 6000 ans en Amérique. Ils ont retrouvé des graines de cette plante dans des poteries de cuisine archéologiques (quelquefois associé à du manioc et du maïs) dans les Andes, au Vénézuela et dans les Caraïbes. Ces graines appartiennent à des espèces domestiquées actuelles et non pas à des espèces sauvages proches, ce qui montre une véritable culture (avec une sélection génétique artificelle) et non pas une simple cueillette. La renommée mondiale du piment est issue de la découverte de l'Amérique et de la première vague de "mondialisation" qui a suivi. Elle appartient à la famille des Solanacées et ses proches parents (tomate et patate) ont connu le même destin.

Le piment doit son gout inimitable à la capsaicine, une amide à longue chaine carbonée, qui lui permet de dissuader les prédateurs. C'était sans compter avec l'homme, qui au contraire recherche la capsaicine !! Les dessins animés nous donnent une fausse idée : ça ne sert à rien de se jeter sur la première lance à incendie pour éteindre les flammes liés au piment vu que la capsaicine est notoirement hydrophobe. Mieux vaut boire du lait.

lundi 12 février 2007

La revanche d'Eole


Un article d'actualité dans le dernier Science sur les éoliennes. L'énergie éolienne est un véritable cadeau pour le développement durable, mais ce cadeau est peut être empoisonné. En effet le vent étant très "volatil", on ne peut pas compter sur lui en permanence et donc théoriquement pour chaque kWh produit par une éolienne, il faut prévoir un autre mode de production qui permet de pallier l'absence de vent. Or ce mode de production ne peut être qu'une centrale au charbon ou au gaz (et donc générateur de beaucoup de gaz à effet de serre) car il faut une réactivité temporelle assez forte ce que ne permettent pas les centrales nucléaires. Pour vraiment miser sur l'éolien, il faut changer d'échelle et passer à l'échelle continentale. Une société irlandaise (Airtricity) se propose de mettre en place (progressivement) un véritable réseau d'éoliennes off-shore (en mer, là où les vents soufflent plus régulièrement; l'électricité est ramenée au continent par des cables) de la mer Baltique à la Méditerrannée en passant par la Manche et l'Atlantique. Des études montrent que la dynamique des anticyclones et des dépressions fait en sorte que la production d'électricité serait relativement constante sur une grande partie de l'année ou en tout cas ne descendrait jamais en dessous d'un certain niveau. En effet, à cette échelle, il y aura toujours une région ventée pour compenser une région avec mer d'huile et calme plat. Le tout pourrait produire 10 GWatts soit la consommation de 8 millions de foyers soit plus que l'Ile de France, Marseille et Lyon réunis. Il y aurait plus de 2000 turbines géantes. Voila le genre de projet auquel l'Europe doit donner un coup de pouce, ce qui suppose que l'Europe ait une politique énergétique commune. Ca va être très cher à mettre en place mais il arrivera un moment où l'énergie sera tellement cher économiquement et en qualité de vie qu'on ne se posera même plus la question...Alors commençons dès maintenant...

jeudi 8 février 2007

Welcome to the Carribeans !


J'aime bien regarder de temps en temps un bon film hollywoodien du style de ceux qui laissent du temps de cerveau disponible..."Pirates des Caraïbes 1 et 2" font parti du lot et j'aime plutot cette "série". D'abord, il y a Johnny Depp que j'adore (phénoménal dans "Arizona dream" de Kusturica, superbe dans la "Neuvième porte" de Polanski, magique dans les divers Tim Burton "Sleepy Hollow", "Charlie et la chocolaterie" et surtout "Edward aux mains d'argent"). Orlando Bloom est pas mal non plus malgré son jeu un peu binaire mais il est vraiment beau et il a une belle voix. Ces deux films ne se prennent pas au sérieux, il y a vraiment quelques bons gags, l'histoire est bien ficelée, les effets spéciaux dépassent la moyenne habituelle (merci ILM et George Lucas) et c'est visuellement plaisant à regarder (le coup des yeux peints sur les paupières de Jack Sparrow quand il est le "Dieu" des cannibales est assez saississant).

Le plus intéressant dans le DVD du 2ème épisode que je viens d'acheter (mais que je revendrai ensuite) c'est les bonus et notamment le documentaire sur le tournage. D'habitude ce genre de doc tient plus du clip promo et on y apprend que peu de choses intéressantes. Ici, il y a exception.

Le tournage a été épique. D'abord il n'y avait pas vraiment de script au départ (les scénaristes justifiant que si on donne le scénario à la dernière minute, les studios seront moins à même d'y faire des modifications). Tout s'est fait un peu au fil de la plume ou plutot de la caméra. Je trouve que paradoxalement ça a stimulé l'inventivité de l'histoire qui est étonnamment complexe et originale pour un pop-corn movie. Ensuite, le budget annoncé était trop élevé pour Disney qui produit le film. Tout a failli être annulé (quand on sait que c'est devenu le 3ème film au box office derrière Titanic et Le Retour du Roi, on voit que les actionnaires de Disney auraient été mal inspirés de tout faire couler (sans jeux de mots). Puis pour tourner certaines scènes-clés (la plage où on découvre le coffre contenant le coeur de Davy Jones) le réalisateur n'a rien trouvé de mieux qu'une ile qui est recouverte à marée haute. Il a donc fallu débarquer puis rembarquer et stocker tout le matériel sur des barges à chaque marée. Enfin, le tournage a pris du retard à cause de défauts de construction des bassins où filmer les bateaux. Du coup, ils se sont retouvés en pleine saison des cyclones qui a été (en 2005) la plus forte saison cyclonique dans les Caraïbes depuis des décennies. Les décors et les bateaux ont été endommagés et il a fallu tout reconstruire. Au final tous ces efforts ont valu la peine...

Le "3" sort cet été. Signalons la sortie cet été du 5ème film Harry Potter et du 7ème et dernier livre. Egalement l'adaptation au cinéma d'"A la Croisée des mondes" de Pullmann (trilogie très originale philosophico-mystico-fantaisy) et pour Noël le deuxième Narnia. Finalement, je ne sais pas si il me restera autant de temps de cerveau disponible...

vendredi 2 février 2007

La protéine à tout faire

Il y a certaines protéines que l'on n'arrête pas de rencontrer en biologie cellulaire...Si souvent qu'on n'a l'impression qu'elles interagissent avec presque toutes les autres protéines de la cellule. Beta-caténine est un exemple-type. Est-ce un biais lié au fait que les outils pour étudier cette protéine sont nombreux, qu'elle est impliquée dans le cancer et dans une voie de signalisation fondamentale en Biologie du développement et donc que la capacité de cette protéine à faire venir de l'argent dans les labos est grande et donc elle est très étudiée...Il y a une boucle de rétroaction positive ici en place : plus on va étudier une protéine, plus on va lui trouver de rôles et de partenaires moléculaires intéressants, plus on va lui trouver de rôles dans des maladies, plus on va facilement publier dans de bons journaux avec elle et avoir plein de sous, plus on va l'étudier...etc...Je ne nie pas le fait que certaines protéines ont réellement des rôles plus étendus et plus "importants" (notion très subjective par ailleurs) que d'autres, que certaines sont des plaques tournantes de plusieurs voies de signalisation, des sortes d'intégrateur-coordonateur du vivant, mais il y a surement une part d'"effet de mode".
La dernière interaction en date avec beta-caténine concerne celle avec le facteur de transcription HIF1alpha (Kaidy et al, Nature Cell Biology, 9, 210 (2007)). Beta-caténine est impliqué de manière causale dans les cancers du colon. Mais lors de la croissance des tumeurs, le coeur de la tumeur est mal vascularisé et les cellules souffrent d'hypoxie (manque d'oxygène). Cette hypoxie induit l'expression du facteur de transcription HIF1alpha dont les cibles permettent de s'adapter à cette hypoxie (plus de glucose rentrant dans la cellule et de glycolyse) et de la compenser (induction de nouveaux vaisseaux sanguins via VEGF). HIF1alpha va interagir avec beta-caténine et l'empêcher d'aller activer la prolifération des cellules de la région hypoxique (c'est pas la peine de faire plus de cellules si déja il n'y a pas d'oxygène pour tout le monde). Mais ce nouveau complexe va faire mieux fonctionner HIFalpha et donc accélérer la mise en place des mécanismes de compensation de l'hypoxie. Lorsque le taux d'oxygène revient à la normale (grâce à l'arrivée de nouveaux vaisseaux sanguins), il y a moins de HIF1alpha et béta-caténine peut aller retrouver son partenaire habituel (TCF4) et faire proliférer les cellules tumorales à nouveau. C'est beau mais dommage que ce soit si efficace pour faire grossir des tumeurs !!