jeudi 22 mars 2007
De la domestication de la vache Milka
Une étude très intéressante dans le PNAS du 6 mars (Burger J et al.) qui concerne l'évolution de la capacité à digérer le lait. La plupart des Mammifères perdent la capacité de le faire après sevrage car il y a une diminution irréversible de l'expression d'une enzyme (la lactase phlorizine hydroxylase). Certaines populations humaines présentent cependant un maintien de l'expression de cette lactase, un caractère codé génétiquement (donc transmissible) mendélien et dominant. Ce trait est très répandu dans les populations d'Europe Centrale et du Nord et fréquent ailleurs en Europe, beaucoup plus rare ailleurs. Tout provient d'une petite mutation (un T au lieu d'un C) dans la base N°13910 en amont du gène de la lactase, comme quoi bien digérer son lait matinal tient finalement à peu de chose...La capacité de digérer le lait offre un avantage sélectif évident aux personnes qui le possède : ils ont une source de nourriture plus diversifiée. Deux hypothèses pour expliquer son évolution : l'hypothèse "culturelle-historique" : la persistance de l'expression de la lactase était très rare parmis les humains jusqu'à la domestication d'espèces qui produisent du lait (bovins, ovins... qui auraient dons été domestiqués pour des raisons indépendantes à la production laitière (cuir, laine, viande...)). Le caractère s'est alors répandu dans la population car l'accès à la digestion du lait (intialement un sous-produit sans grand intérêt pour les humains) a apporté un avantage sélectif considérable. L'autre hypothèse est "inverse" : ce sont les populations qui naturellement possédaient une fréquence plus grande de persistence de lactase qui ont domestiqué les animaux qui produisent du lait, avec cette fois-ci le lait comme production princeps. Laquelle des hypothèses est dominante ? (elles ne sont pas mutuellement exclusive; l'histoire a pu commencer par l'hypothèse "inverse", puis la fréquence de la persistence de la lactase a été renforcée par l'autre mécanisme). Les auteurs ont réussi à séquencer de l'ADN provenant de restes de 9 humains du Néolithique à travers l'Europe, l'époque où commence la domestication d' animaux produisant du lait. Or ils n'ont pas l'allèle qui permet la digestion du lait. L'hypothèse "culturelle historique" semble donc l'emporter, même si on peut toujours gloser sur le faible échantillon proposé, mais leur étude est déja un petit exploit.
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