vendredi 27 février 2009

Le singe, le mille-patte et le moustique


Encore une histoire comme seule la nature sait l'inventer, cette fois-ci sur les singes capucins d'Amérique du Sud. Ces singes ont la particularité de se frotter le corps avec une espèce de mille-patte bien particulière Orthoporus dorsivittatus. Des chercheurs américains (Weldon et al, 2003) ont montré que ce comportement permet aux singes de s'enduire avec les sécrétions de ces charmantes bêtes qui sont bourées de benzoquinones. Ces molécules ont la propriété de repousser les moustiques et d'inhiber leur réflexe de piqure si magré tout ils se posent. Donc les singes trouvent leur lotion anti-moustique dans leur environnement ! De manière intéressante, les chercheurs ont montré que le comportement de badigeonnage du corps est induit par les mêmes molécules benzoquinoniques que celles qui repoussent les moustiques. Ainsi, si on donne aux singes des tissus imprégnées de ces molécules, ils se frottent le corps avec ce qui montre bien qu'ils ne reconnaissent pas en tant que tel le mille-patte.

mardi 10 février 2009

Manifestation des enseignants et des chercheurs

Je viens de participer à la manifestation en faveur de l'université et de la recherche qui a eu lieu à Paris entre Luxembourg et Invalides (on était sensé aller jusqu'à l'Assemblée Nationale mais ça a été bloqué par une bande de CRS (genre Uruk-Hais du Seigneur des Anneaux), ce qui me fait penser qu'entre les CRS et le CNRS il y a de la N).
Les réformes du gouvernement Sarkozy (sic) dans ce domaine suivent la même logique et la même erreur que les réformes hospitalières, les réformes de la justice, les réformes de la SNCF, de la Poste...etc.... Il s'agit d'appliquer à un service public les principes et le management d'une entreprise privée. Il s'agit d'être rentable, avec un retour sur investissement "à court terme". Le tout sous le contrôle de l'"élite" politico-économico-médiatique qui régne de manière totalitaire sur le monde (le totalitarisme c'est réduire la complexité du monde à une idée; le communisme c'était "surtout pas l'individu tout dans le collectif", le nazisme c'était "notre race, c'est la meilleure" et actuellement c'est "l'argent, il n'y a que ça d'important" ; nous vivons bien dans un régime totalitaire). Pour la recherche et l'université, il s'agit de produire avec le plus bas cout possible des brevets (et non plus des connaissances...) et des étudiants corvéables sur un marché du travail dégradé. Dans le cas de la réforme dite de "masterisation" de la formation des enseignants, il s'agit de produire des légions d'étudiants qui n'auront ni le concours du CAPES et de l'Agrégation et qui pourront être embauchés sur emplois précaires dans l'Education Nationale, remettant en cause le statut de fonctionnaires des professionels de l'enseignement. La "réforme" du statut de décret des enseignants-chercheurs aboutit à créer une concurrence et une compétition entre les enseignants-chercheurs d'une même université. Or rien de plus classique pour rendre les gens dociles et corvéables que de créer une course à l'échalote avec dans le rôle de l'arbitre un valet obligé de l'Etat. C'est une méthode de contrôle, une reprise en main administrative de la liberté de chercher et d'enseigner.
Le tout dans un contexte de régression sans précédent des moyens en postes. Or la recherche est encore un travail de main-d'oeuvre. Quand, faute de personnel technique suffisant, je suis obligé de faire des mini-preps ou des génotypages que pourrait faire un technicien payé 30% moins cher que moi, l'Etat a par ailleurs une gestion desastreuse. Pour l'enseignement, on ne compte plus les heures supplémentaires non payées.
Le tout sous les insultes du petit empereur, dont les discours, si ils étaient évalués comme pour une publication scientifique, seraient rejetés tellement ils accumulent d'erreurs factuelles, d'oublis, de caricature, de mauvaise foi. Bien sur, il y a des enseignants-chercheurs qui se la coulent douce et ne remplissent pas sérieusement toutes leurs missions (comme dans tous les métiers; regardez par exemple Valérie Pécresse, conseillère régionale d'Ile de France, qui n'a siégé dans ce conseil qu'un nombre très restreint de fois....); repérons ces 2-3 %, VIRONS-LES (je n'ai aucun soucis avec le fait qu'on puisse renvoyer un fonctionnaire si manifestement il ne fait pas un minimum correctement son travail), mais ne créons pas un système qui pénalise les 97% restants qui font sincèrement des efforts, qui ont été recrutés lors d'un concours ultra-sélectif, qui sont déja évalués dès qu'ils veulent publier, obtenir une bourse pour leurs étudiants, obtenir de l'argent pour un projet, monter en grade, muter dans une autre université, monter un nouveau labo, acheter des équipements lourds....etc....
Bref, c'était bon d'aller manifester si nombreux aujourd'hui !