samedi 31 mai 2008

Indiana Jones et le royaume des crânes d'oeufs


En trentenaire régressif et nostalgique des années 80, je me devais de voir le dernier Indiana Jones. Le premier, L'arche perdue, était brillant malgré une fin un peu ratée (déja...on va y revenir...); le second, le temple maudit, était un peu dans la surenchère mais ça passait; le troisième, la dernière croisade, était génial et je ne m'étais plus autant amusé au ciné jusqu'à Pirates des caraïbes ou American Beauty (dans un autre genre...). Le quatrième suit un peu la trajectoire d'une cascade (sans mauvais esprit sur une des parties de l'intrigue). Le début est génial, brillant et inventif. Ensuite, on a l'impression que les scénaristes ont rempli point par point le cahier des charges d'un Indiana Jones : il faut :
* des temples qui s'effondrent
* des autochtones primitifs très...primitifs
* la course-poursuite de 20 minutes avec rebondissements multiples
* la scène "alibi" à l'université pour nous rappeler que Jones est un prof
* des bébêtes repoussantes (alors les serpents c'est fait, les rats c'est fait, les cafards c'est fait; ah oui ! bien sur les scorpions et les fourmis mangeuses d'homme !)
* le running gag avec le chapeau d'Indiana
* la carte mystérieuse avec plein de dessins qu'on comprend rien dessus
* la relation chaotique père-fils
* caser quelque part le "gag" de la fille qui donne un coup de pied dans les c....es d'un héros
* des tombes avec des cadavres à des états de décomposition divers
A la fin du film, on est en bas de la cascade. C'est assez mauvais et totalement prévisible : Non Steven, pas le vaisseau spatial, non, pas le vaiss...eh si ! c'est un vaisseau spatial ! Ne pensez pas que je suis vicieux et que je vous dévoile la fin, de toute manière on le voit arriver à des kilomètres en jaune fluorescent et clignotant. En fait, ce film c'est la version agitée de "téléphone rentrer maison" de ET. Et il y a une morale à tout ça : la connaissance c'est mieux que l'or. Et l'un des personnages nous le dit au cas où on n'aurait pas compris...
Malgré tout, on passe quand même un bon moment et puis il y a Cate Blanchett. Ah ! Cate...

vendredi 30 mai 2008

De Materpiscis et des articles foireux du "Monde"

Dans le dernier Nature du 29 mai, on annonce la découverte d'un des plus ancien embryons fossiles connu qui appartient à une nouvelle espèce du genre bien nommé (vous verrez pourquoi) Materpiscis, un poisson placoderme. Les placodermes sont des poissons gnathostomes (à machoire) exclusivement connus à l'état de fossile. Ils ont vécu il y a environ 400 millions d'années environ (du silurien au dévonien). Leur tête et leur thorax étaient recouvertes de plaques renforcées d'où leur nom. La surprise est venu du fait que l'embryon a été découvert dans le ventre de sa mère et reliée à elle par un cordon ombilical formé à partir du sac vitellin, une situation que l'on retrouve actuellement chez certains requins. Même certains Mammifères ont des placentas qui se forment de manière similaire. On a donc un exemple fossile de viviparité vraie c'est à dire une incubation d'un embryon dans les voies génitales femelles avec nutrition par la mère. C'est bien sur exceptionnel chez les poissons et c'est encore plus exceptionnel de l'avoir trouvé chez un fossile. La viviparité est clairement apparue des multiples fois de manière indépendante au cours de l'évolution : chez les insectes (si, si, chez la mouche tsé-tsé), chez les requins, chez les placodermes (donc), chez certains amphibiens (salamandre noire) et reptile et bien sur chez les mammifères marsupiaux et euthériens.
La fête est un peu gâchée par l'article que Le Monde a publié sur le sujet. L'auteur, Christiane Galus (qui n'en est d'ailleurs pas à ses premières bêtises : si mes souvenirs sont bons, il y a quelques années c'est elle qui avait traité les trilobites de poisson ce qui est une monstrueuse hérésie que même mes élèves les plus nuls ne feraient pas (et c'est pas peu dire...)) a accumulé les erreurs parlant d'un cas d'ovoviviparité (alors que les auteurs de l'article précisent bien justement que ce n'est pas de l'ovoviviparité (car ici l'embryon n'est pas juste "incubé" dans les voies génitales maternelles mais en plus il y est nourri par la mère). Donc elle ne sait pas lire correctement les articles. Ensuite, il y a cette phrase monstrueuse : "il y a 375 millions d'années, certains poissons osseux ont transformé leurs nageoires en membres pour se hisser sur la terre ferme". Totalement finaliste et complètement faux, puisque les nageoires (paires) se sont transformés en membre AVANT la sortie des eaux et le fameux "hissage" sur la terre ferme. Je crois qu'il y a un plan de licenciement au Monde. Je connais une très bonne candidate pour le départ...

samedi 17 mai 2008

Adoptez un Massospondylus




Cherchez l'erreur sur cette image !
Oui, je crois que ça crève les yeux que ce brave Massospondylus exposé ainsi au British Museum n'est pas un quadrupède mais un bipède. Or il a fallu attendre 2007 pour rectifier sa position à la suite d'un article dans une revue de paléontologie. Nos amis les Massospondylus sont des dinosaures du Jurassique de 4 mètres de long pour 135 kg en moyenne (très svelte finalement). Le premier fossile a été découvert par le britannique Richard Owen en 1854. A la fin des années 1970s, on a retrouvé des embryons de ces dinosaures (la première découverte de ce genre).
Ces embryons étaient assez âgés, quasiment près à éclore et sans dents, ce qui fait penser qu'ils ne pouvaient pas se nourrir par eux-mêmes et donc dépendait de papa-maman dinosaure. Des soins parentaux de dinosaure, rien d'exceptionnel; rappelons que les oiseaux sont des dinosaures. Les jeunes dinosaures de cet espèce étaient clairement quadrupèdes, ce qui fait dire que la quadrupédie des sauropodes sont ils seraient les ancêtres est un exemple de pédomorphose (rétention des caractères juvéniles). Enfin les Massospondylus avaient des os avec des cavités formant des sacs aériens, là aussi un caractère que l'on retrouve chez les oiseaux et qui a apparemment existé chez les dinosaures totalement indépendamment de la baisse de densité nécessaire au vol.

mercredi 7 mai 2008

Questions pour un champion ?

J'ai participé tout à l'heure au chat sur lemonde.fr et telerama.fr avec le
Ministre de l'Education Nationale M. Xavier Darcos.
Deux de mes questions ont été retenues. Je vous les retranscrits en dessous.
Vous pouvez voir l'ensemble du compte-rendu du chat sur le site
http://www.telerama.fr/monde/retranscription-darcos,28676.php

Patrick PLA : Quel est l'avenir des concours de recrutement des enseignants,
comme l'Agrégation ou le CAPES ? Jusqu'où ira la baisse du nombre de postes à
ces concours ?

Xavier Darcos : Nous recruterons 18 000 fonctionnaires l'année prochaine.
C'est un chiffre important. Ni le CAPES ni l'Agrégation ne seront remis en
cause. Nous souhaitons simplement, dans le cadre des équivalences européennes,
que les candidats à nos concours soient au niveau master.

Patrick PLA : Quand est-ce qu'on en finira avec le système idiot qui veut
qu'on envoie les enseignants les plus jeunes, les plus inexpérimentés et les
plus fragiles dans les zones d'éducation les plus difficiles ?

Xavier Darcos : Excellente question, sur laquelle nous nous sommes tous cassé
les dents. Je ferai des propositions en ce sens, mais je ne vois pas comment
imposer à un titulaire qui est en milieu de carrière de quitter un service qui
lui convient pour aller occuper un emploi plus difficile. Mais je le répète,
c'est une des sources de nos difficultés, notamment parce que nous avons
besoin, dans les zones sensibles, d'une stabilité des équipes pédagogiques.

Mon commentaire sur les réponses de Xavier Darcos :
Mauvaise foi absolue sur la première question : 18 000 est un chiffre important certes, c'est plus important que 17 999 effectivement... Le ministre se garde bien de nous dire le nombre d'Agrégés et de Capésiens les années précédentes. Il ne répond pas à la dernière partie de ma question sur la baisse. Pour l'équivalence Agrégation/Master il y a ambiguité : l'Agrégation est un concours et le Master un diplome. Darcos veut-il dire que tous ceux qui obtiendront l'Agrégation auront le Master ?

Deuxième question : eh bien si, Monsieur le Ministre, il faut imposer à un titulaire en milieu de carrière d'aller dans une zone difficile !! Car en échange en début de carrière il aura été en zone plus "facile" (même si ce genre de zone a tendance à se rétrécir...). Le temps passé dans des zones faciles ou difficiles restera le même à l'échelle d'une carrière mais réparti différemment dans le temps. Les enseignants en fin de carrière (plus de 50 ans) retourneraient dans les zones faciles et serviraient de tuteur pour leur collègue qui iront en zone difficile. Les enseignants sont, je pense, suffisamment matures et intelligents pour accepter ce "deal". Les syndicats peut être un peu moins....