mardi 27 mars 2007

Je lave mon cerveau plus blanc avec la pub


Attention franchissement de la ligne jaune ! Voila ce qu'on pense en lisant l'article du Monde :



http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3236,36-888406@51-888522,0.html

concernant le neuromarketing, une discipline qu'il s'agit d'étouffer dans l'oeuf le plus vite possible.
L'expression "Du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola" prononcée par l'une des personnes les plus nocives et les plus toxiques de France (le PDG de TF1) est en passe de devenir réalité. Les procédés d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle permettent de connaitre les régions du cerveau qui s'activent lors d'un stimulus particulier. La localisation des zones cérébrales activées est basée sur un effet lié à l’aimantation de l'hémoglobine contenue dans les globules rouges sanguins. L’hémoglobine se trouve sous deux formes : les globules rouges oxygénés venant des poumons contiennent de l’oxyhémoglobine (molécule non active en RMN ou résonance magnétique nucléaire) ; les globules rouges désoxygénés par les tissus contiennent de la désoxyhémoglobine (paramagnétique donc visible en RMN). Dans les zones activées par le stimulus, une petite augmentation de la consommation d'oxygène par les neurones est surcompensée par une augmentation importante de flux sanguin. Il en résulte une diminution de la concentration de désoxyhémoglobine, ce qui est visible grâce à la résonance magnétique.
Cette technique géniale qui apporte des éléments très intéressants sur le fonctionnement du cerveau dans un but scientifique et thérapeutique est en train d'être détournée pour être un instrument de mesure permettant de connaitre l'efficacité de spots publicitaires. Il est en effet possible de prédire l'intéret d'une personne pour un objet en regardant l'activation de réseaux neuronaux dans des régions bien particulières du cerveau.
Déja des sociétés privées se sont engouffrés dans la brêche dont une française qui travaille avec la régie de pub Lagardère. Ils cherchent à optimiser la mémorisation d'une campagne de pub en fonction de la fréquence des spots sur les différents supports publicitaires.
Ces dérives sont dangereuses et un pas est franchi dans la manipulation mentale que constitue la publicité. De toute manière, il faudrait déja interdire toute publicité pour des enfants de moins de 10 ans (ce qui aurait pour effet d'éliminer toutes les chaines privées pour enfants et donc de faire revenir dans le giron public et donc démocratique les émissions pour enfants qui deviendraient bien moins idiotes...), interdire tout démarchage par courrier et téléphone et surtaxer les pubs pur les produits polluants (voiture...) ou nocifs (Coca-Cola justement).
En ce qui concerne le neuromarketing, il faut que le public soit informé de quels spots ou campagnes publicitaires ont fait l'objet de ces procédés.

1 commentaire:

Nicolas Renier a dit…

Discipline execrable s'il en est, bien sûr... mais est-ce si différent que cela du marketing classique qui se base sur des observations empiriques, mais dont le but est exactement identique ? A mon avis, le "neuromarketing" n'est qu'une coqueluche : ce n'est pas parceque des aires corticales s'allument que l'on est aujourd'hui en mesure d'inférer sur les pensées (conscientes ou non) d'une personne.

Aussi, une réflexion : le débit sanguin augmente bien avec l'activité locale des neurones, mais il n'est pas accompagné par une augmentation de la consommation en oxygène ! C'est ce que l'on appelle le paradoxe métabolique du cerveau : l'augmentation du flux sanguin crée une réserve fonctionnelle, mais qui ne semble pas utilisée en pratique.
Dans le même genre, une remarque de spécialiste à spécialiste : les astrocytes, eux, semblent n'effectuer que de la fermentation, pour refiler aux neurones des substrats intéressants et plus vites mobilisables que le glucose, comme du pyruvate ou du lactate. Généreux, non ?