vendredi 26 janvier 2007

Vive les impots !

Le débat fiscal est présent dans la campagne présidentielle et évidemment on retrouve toujours les mêmes clivages : la gauche qui veut augmenter les impots (ou du moins ne pas les diminuer) mais ne veut pas le dire trop fort et la droite qui veut baisser les impots mais qui ne veut surtout pas dire dans quelles dépenses (éducation ? culture ? santé ? défense ? justice ?...) elle souhaite tailler. La promesse de Nicolas S. de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est tout simplement intenable vu que l'on ne peut pas le faire à l'Education (40 élèves par classe ???), ni à l'Intérieur (Nicolas S voudrait-il moins de policiers ???!!!???), ni à la Justice et à la Santé (là il faudrait embaucher plutot...), ni à la Défense (la situation géopolitique étant ce qu'elle est (un certain parfum d'années 30...))...etc...
Le débat sur les impots et les charges sociales doit être pris autrement. La question centrale est la suivante : l'argent prélevé par l'Etat et affiliés (sécu...etc...) ou par les collectivités territoriales serait-il mieux utilisé si il restait dans la poche des entreprises et des contribuables ? Question corollaire : un Etat peut-il être constitué de la juxtaposition d'égoismes ou faut-il qu'il y ait une ou des structures qui permettent de défendre efficacemment des valeurs communes et d'atténuer les inégalités injustes que la Main Invisible du Marché (qui est aussi une main aveugle) ne peut que générer. La question centrale n'est donc pas le niveau des charges et des impots mais ce qui est fait avec cet argent. Or quoi de plus utile (même au sens économique du terme) de permettre au maximum de gens de se soigner correctement à des couts abordables, d'avoir des transports en commun efficaces, une police et une justice efficaces, une éducation efficace, et de permettre aux retraités de vivre décemment (et incidemment de continuer à consommer) une fois sorti de la vie active. Est-on sur que si on laissait une partie de l'argent prélevé à Total, à BNP Paribas, à McDonald's France ou même à la PME locale, cet argent serait utilisé pour faire des choses plus utiles que cela ? Je pense que non. Dans le cas des particuliers, ça peut un peu plus se discuter mais je pense globalement que la réponse est la même. Il faut arrêter de s'imaginer que l'argent donné aux impots ou en charges sociales est de l'argent jeté par les fenêtres. C'est de l'argent qui de toute manière retourne dans l'économie (moi, fonctionnaire payé par l'argent des impots, je fais vivre la FNAC, Gibert Joseph, le Franprix et la boulangerie à coté de chez moi, ma banque, mon assureur, mon syndic de copropriété, l'électricien qui a refait l'électricité chez moi...etc...). Et cet argent retourne dans l'économie de manière intelligente c'est-à-dire qu'au passage, il fait baisser directement (les fonctionnaires) et indirectement (le salaire des fonctionnaires qui peuvent consommer) le chomage, il assure des services essentiels (sécurité, justice, transport, éducation, santé...) au pays, il crée non pas une "valeur" égoiste qui va ne profiter qu'à un nombre limité de personnes mais des "valeurs" communes qui profitent à tout le monde.
Bien sur, il y a des gaspillages, des fonctionnaires incompétents qu'il faudrait pouvoir virer plus facilement...Il faut lutter contre et ne pas les utiliser comme prétexte opportuniste pour hurler contre l'ensemble du système qui reste fondamentalement sain. Le problème fiscal est une question de la qualité de son utilisation et non pas de quantité prélevée.

lundi 22 janvier 2007

La formule HippoDuo


L'hippocampe, cette jolie structure nerveuse localisée profondément dans notre cerveau est l'objet de nombreuses recherches. Parmis les dernières les plus intéressantes, celles relatées dans le dernier Science du 19 janvier et parues dans PNAS. On sait depuis quelques temps que l'hippocampe sert à la formation de "nouvelles mémoires". Si l'hippocampe est lésé (accident vasculaire par exemple), on ne peut plus former de nouveaux souvenirs, mais la mémoire des évènements précédant l'accident reste. L'hippocampe n'est donc pas le disque dur de stockage mais plutot le processeur. Les travaux présentés montrent que l'hippocampe est également utile pour réutiliser les vieux souvenirs dans le but d'imaginer le futur. Si on demande à quelqu'un de sain de décrire une scène future (par exemple l'élection de Ségolène Royal à la présidence de la République (ce n'était pas l'exemple choisi dans l'article mais bon...), il peut le faire avec beaucoup de détails (concert de klaxons dans Paris, François Hollande qui sort une tirelire pour débuter une opération pièce jaune...etc...) alors que les personnes dont l'hippocampe ne fonctionnent pas bien ne donneront pas autant de détails, d'imagination, ni autant d'émotions dans ce qu'ils raconteront. Les malades peuvent se représenter la scène future mais seulement par morceau, sans former une "vision" cohérente et vivante. Ainsi l'utilisation des souvenirs (y compris ceux avant l'accident) pour nourrir l'imagination et une vision du futur passe également par l'hippocampe qui est finalement une sorte de porte d'entrée et aussi de sortie dans la réserves de souvenirs. Le devoir de mémoire est nécessaire pour une vision correcte du futur. Voila un beau sujet de philo pour le bac...

jeudi 18 janvier 2007

Nosferatu


J'ai vu récemment en DVD le "Nosferatu" de Murnau tourné en 1922, la première version cinéma de Dracula. Il faut faire abstraction du fait que les codes auxquels on est habitué sont bousculés par le fait que c'est un film muet (avec panneaux explicatifs), avec une musique un peu pénible par ailleurs, qu'il n'y a que 18 images par seconde ce qui donne malheuresement un coté Charlot à l'affaire et qu'il y a beaucoup de parasites et d'imperfections techniques (luminosité etc...) et des effets spéciaux un peu ridicules. Malgré ça, c'est un beau film qui a contribué à définir un genre. Le plan où Nosferatu passe de l'horizontale de son cercueil à la verticale tout en restant rigide est extraordinaire (et a mainte fois été copié depuis). Les scènes où Nosferatu terrorise puis tue les membres de l'équipage du bateau qui l'amène de Varna à Brême sont sans doute les meilleurs. Le film a failli ne pas venir jusqu'à notre époque, vu que la fille de Bram Stoker (l'auteur de "Dracula") n'avait pas souhaité que le livre soit adapté au cinéma (alors que rarement une histoire n'aura été autant faite pour le cinéma (à moins que ce ne soit l'inverse)). A l'issue d'un procès qu'elle a gagné (Murnau a filmé la même histoire que le livre mais en changeant les noms (d'où Nosferatu et pas Dracula) et les villes (d'où Brême et pas Londres), les copies du film auraient du être détruites. On est quelquefois content que des décisions de justice ne soient pas appliquées.

Néanmoins, le meilleur Dracula restera sans doute et de très loin celui de Coppola sorti en 1993. Un bonheur

samedi 13 janvier 2007

Endiguer la pandémie aérienne


Intéressant petit article dans Nature de cette semaine sur la nécessité d'inclure les émissions des gaz à effet de serre émis par les avions dans les critères du protocole qui suivra le protocole de Kyoto pour espérer sauver ce qui peut l'être du climat de notre planète. Le problème est le suivant : le nombre de passagers aériens devrait plus que doubler par rapport à 2000 en 2030 (rien que pour la Chine le nombre de passager a augmenté de 28% entre 2003 et 2004). Or les gains d'efficacité des moteurs liés à leur modernisation ne dépassera sans doute pas 1 à 2% par an. D'où une explosion de la quantité (déja conséquente) de CO2 relachée dans l'atmosphère par les avions (sans compter les nuisances sonores et la saturation de l'espace aérien, déja réelle en Europe). En Grande-Bretagne, il a été calculé que les émissions de CO2 par l'aviation augmente de 7% par an. Ne pas inclure ces gaz dans les nécessaires protocoles de réduction à venir revient à ne pas traiter sérieusement le problème. Evidemment, le lobby aérien ne veut rien entendre (le président de "Ryanair" a évidemment qualifié la proposition d'"idiote", de "mal informée" et ne "comprend pas où est le problème du sysytème actuel"...l'argent rend sourd et aveugle effectivement....).
Les solutions sont claires : l'avion ne doit être utilisé que si il n'y a pas d'autres alternatives (vols transatlantiques...). Les alternatives sur les continents, il faut les créer, grâce au développement des trains à grande vitesse et notamment du Transrapid dont j'ai déja parlé ici. Traverser les continents à 400 voire 500 km/h de centre-ville à centre-ville c'est la mort assurée du court et du moyen courrier ! D'ailleurs il faudrait interdire toute liaison aérienne entre des villes joignables en moins de 3 heures 30 par voie terrestre. Ensuite il faut revoir la convention de Chicago de 1947 qui interdit la taxation sur le fuel pour les avions, ce qui donne au transport aérien des avantages démesurés par rapport au cout qu'il fait subir à l'environnement et à la santé. Enfin, je pense qu'il faudrait un peu revenir sur la "mode" des voyages exotiques lointains; l'exotisme et la découverte n'est pas forcément une question de distance.

mercredi 10 janvier 2007

Une histoire d'AFS

Si ce n'est pas une nouvelle fraude scientifique (voir post de Novembre 2006), un article du Nature Biotechnology de cette semaine (Atala et al.) ouvre des perspectives intéressantes, à savoir une nouvelle source de cellules souches. Ces cellules se trouvent dans le liquide amniotique des Mammmifères (souris et humains ont été testés). Après prélèvement du liquide amniotique (amniocentèse entre 16 et 20 semaines de grossesse chez la femme), on peut les sélectionner car elles expriment une protéine particulière appellée c-kit (un récepteur tyrosine-kinase exprimé par ailleurs dans les cellules germinales (tiens-tiens...), dans des cellules hématopoïétiques de la moelle osseuse (tiens-tiens...) et dans les mélanocytes). Ces cellules représentent seulement 1% des cellules flottant dans le liquide amniotique. Elles sont appellées AFS (Amniotic Fuid-derived Stem cells). En culture in vitro, on peut les faire différencier en cellules nerveuses, en ostéoblastes (producteurs de matrice extracellulaire osseuse), en hépatocytes...bref, en ectoderme, mésoderme et endoderme : la sainte trinité qui forme nos tissus. Ces cellules réinjectées chez des souris immunodéficientes ne semblent pas faire de tumeurs. C'est donc une nouvelle source relativement accessible pour les thérapies cellulaires futures. L'Eglise (on ne lui avait rien demandé mais bon...) a déja émis un avis plutot favorable sur la technique, c'est dire.... C'est assez cocasse car les cellules du liquide amniotique avaient été prélevées initialement pour faire du diagnostic pré-natal ce que l'Eglise a mis à l'index (voir "L'Eglise vs. Téléthon" en Décembre 2006).
L'une des questions intéressantes c'est d'où viennent ces cellules et quelle est éventuellement leur fonction normale. Les auteurs n'ont pas de preuves mais des suspicions qu'elles proviennent de l'amnios, une annexe extraembryonnaire qui borde le liquide amniotique. Les cellules AFS expriment un marqueur classique de pluripotentialité comme Oct4 mais par d'autres marqueurs spécifiques présents dans les cellules embryonnaires souches (ES) classiques. Mystère sur leur fonction normale...Cela dit, il se peut qu'il n'y ait pas de fonction mais que ce sont simplement des cellules détachées de l'épithélium amniotique, destinées à mourir à plus ou moins brève échéance sauf si une gentille seringue les aspire et les dépose dans un milieu de culture "survitaminé".

lundi 8 janvier 2007

Home sweet home

Les politiques (ou plutot certains politiques) ont soudainement découvert fin décembre 2006 qu'il y a des gens qui dorment dans la rue (et que par ailleurs ils ne sont pas tous chomeurs; 30% des SDF à Paris ont un travail...visiblement mal payé), que le nombre de logements pour les personnes à faible revenu est insuffisant et qu'il peut faire froid en hiver surtout la nuit et même quelquefois le jour. Après cet éclair de lucidité, on nous propose dans l'urgence une loi abstraite et non financée (le droit opposable au logement), et un énième plan d'urgence pour les SDF. C'est comme d'habitude la méthode classique : un problème chronique se retrouve on ne sait trop pourquoi à la une des médias, les politiques doivent répondre vite pour qu'ils donnent l'impression de faire quelquechose et pondent dans l'urgence un plan qui va faire croire que le problème va être réglé mais qui en fait va laisser les causes du problème intactes, d'où la chronicité du problème qui ressurgira de nouveau l'année prochaine.
Pour régler vraiment les problèmes de logement, il faudrait :
1) Appliquer sans délai la loi SRU votée depuis déja 5 ans au moins et tendre vers les 20% de logements sociaux dans toutes les villes (et dans les grandes villes comme Paris par arrondissement (si, si même dans le VIIIème et le XVIème...). L'amende que payent les villes-ghettos de riche pour se protéger du bas peuple serait supprimée...vu que la construction de HLM deviendrait obligatoire ! Et les maires qui n'appliquent pas les lois votées par l'assemblée nationale doivent devenir inéligibles. Le préfet se substituerait alors au maire pour les permis de construire.
2) Rassurer les propriétaires qui ne veulent plus louer leur bien de peur de dégradations ou de loyers impayés. C'est l'Etat qui leur assurerait l'intégralité du paiement du bail et du remboursement d'éventuels dégradations et se retournerait contre le locataire indélicat (et le ferait payer à son tour mais sur des délais plus longs si ce locataire a des difficultés financières réelles). En échange, les bailleurs s'engagent à louer leur bien 25% moins cher que le prix du marché (le prix de la tranquilité en quelque sorte). Avantages : cela permettrait de remettre sur le marché des dizaines de milliers d'appart' et d'engager une tendance à la baisse des loyers.

Il y aurait d'autres choses à faire encore mais ces deux mesures me paraissent indispensable.

vendredi 5 janvier 2007

De l'importance du dos et du ventre des petits vers de vase


Les amours entre l'embryologie et l'étude de l'évolution sont toujours prolifiques en découvertes intéressantes. L'un des thèmes classiques est la mise en place des axes de polarité chez les animaux : l'avant/arrière; le dos/le ventre; la gauche/la droite. Les gènes qui participent à la mise en place de ces axes au cours du développement embryonnaire sont fondamentaux pour la formation du "plan d'organisation" de l'animal c'est-à-dire son architecture ("Bauplan" en allemand). Si des mêmes gènes sont impliqués dans la mise en place de l'axe dos/ventre (par exemple) chez des animaux aussi différents que des mouches, des vers de terre et des vertébrés (suivez mon regard...) alors l'ancêtre commun de ces organismes possédaient sans doute également les mêmes gènes et les mêmes mécanismes de mise en place. L'étude des points communs partagés entre différents groupes d'animaux permet de voyager dans le temps.
Si on compare un Insecte et un Cordé (dont font partie les Vertébrés et donc l'homme), on constate qu'il y a une inversion de l'axe dorso-ventral : par exemple la chaine nerveuse principale est ventrale chez les Insectes alors qu'elle est dorsale chez les Vertébrés (c'est la moelle épinière). Or ce sont les mêmes gènes qui interviennent dans la mise en place du système nerveux. Les gènes (ou plutot leurs produits, les protéines) BMP empêchent la formation du système nerveux tandis que le produit du gène Chordin s'oppose à l'action des BMP donc stimule la formation de système nerveux. Or, Chordin est exprimé ventralement chez les Insectes et dorsalement chez les Cordés tandis que BMP est exprimé dorsalement chez les Insectes et ventralement chez les Cordés. L'inversion anatomique de la position du système nerveux s'accompagne donc et est sans doute causée par une inversion génétique de l'expression de Chordin et BMP. Mais l'ancêtre commun aux Insectes et aux Cordés était-il construit sur le plan "Insecte" (Chordin ventral/BMP dorsal) ou "Cordé" (l'inverse) ??
D'où l'intérêt d'un article de PLoS Biology (Lowe et al.) rapportée dans le Nature de cette semaine qui étudie une espèce qui se trouve dans l'arbre (touffu) du vivant entre les Cordés et les Insectes, c'est Saccoglossus kowalevskii, un petit ver vivant dans le sable et la vase des plages et de la famille des Hémicordés. Qu'en est-il de Chordin et de BMP chez un tel sujet ? Et bien BMP est du coté "dorsal" et Chordin est du coté "ventral" comme chez les Insectes, ce qui donne du poids au fait que l'ancêtre commun entre les Insectes, les Hémicordés et les Cordés avaient les mêmes caractéristiques. Ce qui veut dire que l'inversion BMP-Chordin sur l'axe dorso-ventral s'est passée après le détachement du dernier ancêtre commun de tous les Hémicordés de la branche menant aux Cordés. L'autre intérêt de Saccoglossus est de ne pas avoir de système nerveux central mais plutot un réseau nerveux diffus donc pas de chaine nerveuse ou de moelle épinière. Dans son cas, logiquement ses BMP n'inhibent pas la formation de neurones, mais ça, ce serait spécifique au groupe des Hémicordés (et à ses cousins les Echinodermes (oursins...) c'est-à-dire les Epithélioneuriens) et n'aurait rien à voir avec un ancêtre commun (dans la mesure où BMP inhibe bien la formation de neurones chez les Insectes et les Cordés).

jeudi 4 janvier 2007

Shalimar le Clown

Je viens de terminer la lecture du dernier livre de Salman Rushdie "Shalimar le clown". Comme d'habitude, c'est dense, touffu, non linéaire et remarquablement bien écrit. Il s'agit du parcours d'un terroriste d'origine cachemiroise, initialement funambule dans une troupe de théâtre, qui finit par assassiner sa femme et l'amant de celle-ci (l'ambassadeur américain en Inde). En fait, il ne devient terroriste que pour ça, cherchant sans doute un "prétexte" et un enrobage idéologique pour un banal crime passionnel. Tous les personnages sont assez haut en couleurs, très vivants et le récit s'insère bien dans l'histoire du XXème siècle (seconde guerre mondiale puis combats Pakistan-Inde pour le Cachemire).

vendredi 29 décembre 2006

The night of the hunter


Je viens de voir en DVD le superbe film de 1955 "La nuit du chasseur" avec Robert Mitchum. Un grand classique qui n'a pas eu de succès aux USA lors de sa sortie, ce qui n'est pas étonnant vu que c'est un film qui sort des sentiers battus, très politiquement (ou plutot religieusement) incorrect malgré une fin un peu mièvre et assez inspiré par l'expressionisme allemand. Il est donc logique que les yankees soient allés bouffer leur pop-corn ailleurs.
Cela fait partie des films dont on a entendu parler (notamment à cause du personnage de Mitchum et les mots "amour" et "haine" écrit sur ses phalanges) mais qu'on a pas forcément vu. Le film est tour à tour noir, effrayant, comique et féérique. Le personnage de Mitchum, le pasteur, détourne la religion pour commettre des meurtres, ce qui est une belle définition du fondamentalisme et montre combien la religion est dangeureuse quand placée dans de mauvaises "mains". La femme qui recueille les enfants vers la fin du film est aussi très pieuse mais elle a conservé son humanité et donc une certaine sagesse. Le pasteur se révèle à la fin plus pathétique et ridicule qu'effrayant ce qui permet de casser la fascination morbide que pourrait générer ce serial killer. Le film marque par des séquences extraordinaires comme la femme noyée dans sa voiture, le voyage en barque des enfants, les jeux d'ombre et de lumière sont superbes pour ce film heureusement tournés en noir et blanc alors même que la couleur était répandue. Bref, à voir.

mercredi 27 décembre 2006

Vive Google Earth

Ceci n'est pas un flog (un faux blog publicitaire) mais bien un commentaire authentiquement spontané pour vanter les mérites de Google Earth, le logiciel téléchargeable gratuit qui permet de visionner des photos aériennes de toute la planète.
Ce logiciel est updaté automatiquement puisqu'il utilise sans arrêt la connection Internet. Désormais, la précision et la netteté des images au-dessus des grandes villes est assez impressionante. Une fois repérée votre maison (dans mon cas ça a été intéressant car la photo a été prise avant qu'un nouvel immeuble à coté du mien ait été érigé; j'ai donc pu voir les défunts petits pavillons qui étaient à sa place : une nouvelle preuve de la densification de la région parisienne !), vous pouvez voyager sur tous les continents. Il y a toujours des zones qui sont frustreusement pixélisées mais j'imagine que c'est une question de temps (et d'argent mais Google en a) avant que tout soit parfait.
Le plus intéressant c'est les filtres d'info que l'on peut superposer sur les photos. On peut voir le réseau routier, de voies ferrées (génial pour un fan de transport ferroviaire comme moi). Des liens avec Wikipédia permettent d'avoir des informations sur les principales villes et sur les principaux monuments. Il existe de plus une "communauté Google Earth" qui annote les photos et fait des liens avec les sites d'intérêts ou des commentaires très personnels (style sur un parking à Koblenz : "Je me suis fait vandaliser ma voiture sur ce parking; c'est le pire de la ville !"). On peut voir des photos prises du sol pour les monuments et sites remarquables. On peut même avoir l'historique des séismes et leur magnitude en fonction de leur épicentre. Google Earth va devenir un outil pédagogique majeur en géographie et en géologie, c'est évident, et également une source inépuisable pour de longues heures de surf sur Internet.

jeudi 21 décembre 2006

Des millions en fumée

Une info assez atterrante dans le Figaro : http://www.lefigaro.fr/eco/20061221.WWW000000259_letat_debloque_millions_deuros_pour_les_buralistes.html
176 millions d'Euros (plus d'1 milliard de Francs) accordés aux buralistes !!
Première remarque : il semble que des élections approchent...
Deuxième remarque : il n'y a pas à chercher uniquement du coté du nombre de fonctionnaires pour comprendre pourquoi le budget de la France est si déficitaire. Ce genre de plan catégoriel pour soutenir des entreprises me parait une catastrophe. C'est exactement le même raisonnement pour les aides aux viticulteurs. La consommation de tabac et de vin chute en France et bien tant mieux !!! Oui, cela va entrainer des fermetures mais lesquelles ? Celles des buralistes au rabais qui ne savent pas attirer le client autrement qu'en leur vendant leur pack cancérigène. Tout comme les viticulteurs qui font de la piquette. Bref, 176 millions d'Euros pour subventionner la médiocrité au lieu de les affecter au désendettement du pays, ou à la nécessaire remise à niveau des batiments des universités ou à la non moins indispensable ligne de métro circulaire autour de Paris ou à la tout autant nécessaire augmentation du budget de la Justice pour la faire mieux fonctionner.

mardi 19 décembre 2006

Hortograf

Un article du Monde (http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-847248@51-834864,0.html) relate le retour de la dictée dans l'Enseignement Supérieur. Et malheureusement il s'agit d'une bonne initiative car c'est bien nécessaire ! Certaines copies que je corrige au niveau Master (Bac+4 ou +5) sont d'un niveau orthographique assez catastrophiques. Surtout si on pense que ce sont de futurs profs potentiels (prépa CAPES et prépa Agreg). Un niveau de langue correct et une maitrise des règles de base sont nécessaires pour bien se faire comprendre et pour faciliter le travail du lecteur y compris en sciences et notamment en Biologie, la plus littéraire des disciplines scientifiques. Les concepts à manier sont suffisamment délicats pour ne pas qu'il y ait d'ambiguités et de difficultés supplémentaires liés à la maitrise de la langue et de la grammaire.
On récolte donc les fruits de la scandaleuse baisse du nombre d'heures de français au collège-lycée, de l'enseignement en "séquence" où les règles de grammaire et d'orthographe sont apprises "à l'occasion de la lecture d'un texte". Il ne faut pas bien sur revenir totalement aux méthodes du début du XXème mais un juste milieu est possible.

dimanche 17 décembre 2006

L'armée des douze singes


Je viens de voir en DVD l'extraordinaire film de Terry Gilliam "L'armée des douze singes". Terry Gilliam est un ancien des Monty Python et a par la suite réalisé de brillants films de science-fiction dont le magnifique et terrible "Brazil" à l'univers très orwellien et également "Les aventures du baron de Munchhausen" et récemment "Les frères Grimm", ces deux derniers étant un cran en dessous par rapport aux deux premiers cités.

"L'armée des douze singes" raconte la lutte d'un survivant d'une terrible pandémie qui a décimé presque toute l'humanité pour éviter ce drame en voyageant dans le passé et en essayant de neutraliser le virus avant qu'il ne mute (très intéressant ce scénario en ces temps de pré-pandémie H5N1...). Sur ce synopsis, on pouvait faire un film lourdingue hollywoodien surtout avec Bruce Willis dans le rôle principal. Mais c'est Terry Gilliam qui est aux manettes et ça donne un film totalement déjanté avec un Bruce Willis à contre-emploi (déja avant le "Sixième sens") et un Brad Pitt phénoménal. L'histoire du virus et du voyage dans le temps devient plutot un prétexte à une réflexion sur la folie et sur les marginaux de notre société. Un chef-d'oeuvre. Terry Gilliam est bien plus inquiétant et dérangeant qu'un Tim Burton, qui finalement tombe vite dans la grosse farce macabre (ce qu'il fait très bien par ailleurs).

vendredi 15 décembre 2006

Le canal de la douleur

Pour moi qui souffre de manière plus ou moins chronique de douleurs au dos, voila un article intéressant publié dans le dernier Nature. Il existe des "malades" qui ne ressentent pas la douleur. On peut ironiser sur le fait qu'on peut trouver pire comme condition pathologique, mais la douleur peut être utile comme signal d'alerte pour des brulures, des inflammations...Par conséquent, ces "malades" sont paradoxalement en perpétuel danger. Les auteurs de l'article ont retrouvé chez ces malades des mutations dans un gène codant une protéine présente à la surface cellulaire appellée NaV1.7 et qui est un canal à sodium. Cette protéine est présente dans les neurones nociceptifs (sensibles à la douleur) et dans les ganglions du système sympathique. Dans ces derniers, l'absence de la protéine ne cause pas d'effets détectables (probablement compensation par un autre canal à sodium), par conséquent on a bien affaire à une protéine qui spécifiquement permet d'activer le signal nerveux de la douleur et de le transmettre vers le cerveau. C'est donc une cible potentielle pour de nouveaux médicaments anti-douleur qui seraient très spécifiques et sans effets secondaires notables.

jeudi 14 décembre 2006

La vengence du Tram

Une flopée d'articles fêtent le retour du tramway dans Paris intramuros dont celui du Spiegel :
http://www.spiegel.de/international/0,1518,454517,00.html
qui est un rien moqueur car les Allemands et dans les pays de l'Est également on n'a jamais commis la bêtise monumentale de sacrifier des réseaux entiers de tramway sur l'autel de la voiture triomphante dans les années 60 et 70. Quand on pense que nos élites ont été formées à cette époque là (qui a vu aussi la joyeuse érection de cités glauquissimes dans nos riantes banlieues), on mesure toute l'importance d'un renouvellemnt massif de notre personnel politique.
L'excellent blog http://parisbanlieue.blog.lemonde.fr/ pointe du doigt le sous-investissement chronique en transports dans la région IDF depuis 30 ans et qu'il va bien falloir rattraper et vite.

mardi 12 décembre 2006

Fascination morbide et cynisme politique

Plus de 60000 personnes sont allés rendre hommage à la dépouille de Pinochet au Chili. C'est toujours avec un certain étonnement et un grand malaise qu'on constate qu'une personne a beau être clairement responsable de nombreux meurtres et tortures, on va toujours trouver des dizaines de milliers de personnes pour continuer à l'admirer. C'est pareil pour Hitler, Staline et d'autres...Ce véritable aveuglement tient soit de la maladie mentale (une sorte de fascination morbide parfaitement résumée par Chaplin dans Monsieur Verdoux : "You kill one man, you are a criminal; you kill a thousand you are a hero; number sanctifies !"), soit à un cynisme politique tout autant effrayant qui consiste à fermer les yeux sur des actes odieux pour la raison qu'ils servent nos intérêts (Les USA qui ont soutenu le coup d'état du 11 Septembre 1973 au Chili sont parmis les champions du monde de cette pratique).
Tant qu'une cour pénale internationale permanente ne sera pas mise en place et aura le droit de poursuivre partout et indépendamment de tout pouvoir exécutif les auteurs d'atrocités, les massacres et autres tortures continueront. On comprend que les chefs d'état ne sont pas pressés de la mettre en place : la plupart d'entre eux y seraient jugés !! Ca fait partie des arguments qui me font dire que si on choisissait 1 personne au hasard dans chaque pays et qu'on les mettait à l'ONU pour gouverner le monde, ça fait longtemps que notre planète et les hommes dessus s'y porteraient bien mieux !!

vendredi 8 décembre 2006

Les pince-oreilles choisissent la droite ou la gauche


Voila le genre d'étude qui aurait donné lieu à un savoureux essai de Stephen Jay Gould (un paléontologiste d'Harvard décédé récemment et qui a écrit une série remarquable d'essais sur l'évolution ("Le pouce du panda", "La foire aux dinosaures", "Les 7 gazelles de l'apolcalypse"...). C'est paru dans Journal of Morphology et relayé dans le Nature de cette semaine.
Les doubles pénis ne sont pas rares chez les Arthropodes et certains Reptiles. Chez le pince-oreille ou forficule (Insecte de l'odre des Dermaptères) Labidura riparia, il y a deux pénis parfaitement fonctionnels mais les mâles préfèrent utiliser celui de droite. Or chez des espèces proches de Labidura riparia, il n'y a qu'un pénis...à droite (il "reste des traces" de l'autre pénis à gauche ancestral sous la forme d'un canal éjaculateur fermé). Des espèces plus éloignées de pince-oreilles ont par contre deux pénis qu'ils utilisent indifféremment. D'où le scénario proposé par les auteurs : initialement, l'ancêtre commun à tous les perce-oreille a deux pénis mais plus tard, après diversification, un groupe de perce-oreille développe une préférence pour le droit. L'autre n'étant peu/plus utilisé, les mutants chez qui le pénis gauche dégénère ne sont pas défavorisés pour la reproduction et le trait "un seul pénis à droite" se fixe au sein de nouvelles espèces. Voila finalement un exemple d'évolution dont le moteur est comportemental mais qui n'est pas du lamarckisme pour autant. Mais reste une question : pourquoi garder le droit plutot que le gauche ? Tout proviendrait d'une légère asymétrie de la femelle qui favoriserait les accouplements par le pénis droit. On ne fait, finalement, que repousser le problème.

jeudi 7 décembre 2006

Eglise vs. Téléthon

Les miracles n'existant pas (à part des hallucinations et des effets placebos qui, d'ailleurs, ont une base scientifique), il faut bien que la science avance pour soigner ou éviter un certain nombre de maladies. Un excellent article du Monde du toujours excellent Jean-Yves Nau fait le point sur la controverse Eglise catholique vs. Téléthon.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-842474,0.html
Sur les questions d'éthique, l'église peut avoir (par hasard) quelquefois raison mais avec de mauvais arguments (qui peuvent se résumer à "c'est comme ça et puis c'est tout"). Le véritable débat avec des arguments pertinents est à chercher du coté des philosophes et des comités d'éthique sur lesquels s'appuie la législation.
L'article de Nau pointe aussi bien l'ambiguité du Téléthon : on ne soigne pas tant les malades (à de rares exceptions près) qu'on trie les embryons malades et bien portants pour un certain nombre de caractères. Le public généreux ne le perçoit pas forcément car son inculture scientifique notoire ne lui permet pas d'appréhender correctement ces problèmes. Peut-on parler d'eugénisme ? Il s'agit d'éviter que des êtres humains souffrent de maladies graves; il ne s'agit pas de choisir la couleur de la peau ou des yeux, ou d'autres caractères "de confort". Je comprends bien que la religion qui nous raconte que la souffrance est nécessaire (c'est d'ailleurs chez les personnes dépendantes et souffrantes où elle trouve beaucoup de ses "clients") et que tout ira mieux dans un autre monde (qui n'existe pas) soit contre car on lui enlève une partie de son fond de commerce et de sa crédibilité. Car le Téléthon montre bien le poids énorme de la génétique et donc de la Théorie de l'Evolution.

lundi 4 décembre 2006

Pour un réseau Transrapid européen


Le train à lévitation magnétique existe et fonctionne bien (malgré un accident "de chantier" il y a quelques mois en Allemagne). Ce sont les allemands qui ont la technologie la plus avancée avec le Transrapid (Siemens-Thyssen Krupp) qui transporte déja des voyageurs à 400 km/h entre Shangai et son aéroport. L'avantage d'un train à lévitation magnétique est qu'il n'y a plus de contacts entre les rames et les rails d'où une usure faible du système et des frottements réduits à ceux de l'air (on pourrait imaginer des tubes sous vide mais ça ferait un peu cher le kilomètre...). Les couts d'exploitation sont plus faibles que pour une ligne rapide classique et on peut atteindre plus facilement des vitesses que le TGV ne peut atteindre en vitesse commerciale. Seuls les couts de construction sont plus chers mais cela sera vite amorti par les moindres couts de fonctionnement au bout de quelques années.

Donc qu'attend-t'on du coté de la Commission ou du Parlement Européen pour lancer un grand programme ambitieux qui relieraient toutes les grandes capitales européennes par des liaisons Transrapid ? Pour commencer, il y a dans les cartons depuis de trop longues années un projet Berlin-Dresde-Prague-Vienne-Budapest. Berlin-Prague en 1 heure; Vienne-Budapest en une demi-heure. Et imaginons Paris-Prague en 2 heures de centre ville à centre ville sans avoir à aller à l'aéroport. Ce serait la fin des avions courts et moyens courriers en Europe ce qui serait une excellente nouvelle pour la planète et aussi pour la sécurité du ciel européen proche de la saturation. Il n'y aurait plus besoin d'étendre les aéroports qui se concentreraient sur les liaisons où l'avion est irremplaçable (transatlantique...). A quoi ça sert l'Europe si ce n'est pas pour faire ce genre de projet ??

vendredi 1 décembre 2006

Du bon usage de la grève dans une démocratie

A l'approche des élections présidentielles et législatives, quelques remarques sur l'articulation entre les programmes électoraux, les projets de lois et le "dialogue social". Je pense que si on veut que la démocratie fonctionne, il faut respecter le principe suivant : à partir du moment qu'une réforme est inscrite clairement et noir sur blanc dans un programme électoral, qu'une majorité liée à ce programme est élue à l'Assemblée Nationale, la réforme doit être votée et appliquée et aucune protestation syndicale ou corporatiste, ni grèves, ni manifestations ne devraient pouvoir empêcher l'application d'une réforme qui a été ainsi approuvée par le suffrage universel après une information claire et honnête. Prenons l'exemple de la réforme des régimes spéciaux (RATP, SNCF...), qui me parait indispensable. Il faut avoir l'honnêteté de l'inscrire dans un programme électoral pour pouvoir la faire et lui donner une pleine légitimité. Alors les syndicats ne devraient pas pouvoir imposer à l'ensemble des citoyens de payer des retraites prématurées en partie injustifiée. Néanmoins, on peut faire d'autres réformes concernant la pénibilité du travail et améliorer les conditions de travail des salariés en contrepartie d'un recul de l'age de la retraite, une manière de sortir intelligemment d'une confrontation possible. De même, une période de transition peut être mise en place dans les dernières années supplémentaires (un conducteur RATP agé circulerait sur des lignes plus "faciles", pas la nuit et pas les week-ends par exemple). Je ne conteste pas le droit de grève et de manifestation mais il ne peut être opposable au fonctionnement de la démocratie parlementaire. Dans le cas du CPE, ce projet ne figurait sur aucun programme électoral validé par une majorité d'électeurs : dans ce cas, les grèves et les manifs étaient justifiées.