samedi 26 juillet 2008

Le Figaro refait la classification des espèces

J'avais déja dénoncé ici les articles du "Monde" qui sont quelquefois bourrés d'erreurs zoologiques. Il semble que le "Figaro" va bientôt faire partie du palmarès, grâce à cet article sur la mort pour l'instant mystérieuse des huitres sur les cotes européennes (8 milliards de mort ! on cultive donc plus d'huitres en Europe qu'il n'y a d'êtres humains sur Terre...). L'auteur au détour d'une phrase traite les huitres de Crustacés, sans doute à cause de la coquille calcaire. Mais évidemment l'huitre est un Mollusque et la coquille calcaire est une jolie convergence évolutive avec la carapace calcifiée des Crustacés. C'est quand même de la zoologie élémentaire et un collégien devrait savoir cela. Sauf qu'en général il ne le sait pas car désormais dans les programmes jamais on ne passe en revue les différentes espèces les plus courantes et jamais on ne les classe systématiquement dans les différents groupes d'animaux. Bilan, la population générale est complètement ignare des bases de la classification des espèces. Est-ce grave ? Oui, la culture générale de tout citoyen doit comporter une vision claire des bases du monde vivant et tout particulièrement de ce qu'il mange sinon on peut lui faire avaler n'importe quoi...

jeudi 17 juillet 2008

Le secret de l'horloge des serpents


Le nombre de vertèbres est l'une des caractéristiques très précisément controlée au cours du développement embryonnaire pour chaque espèce (de Vertébré bien sur). Les champions en la matière sont les serpents qui peuvent avoir des centaines de vertèbres (jusqu'à 500 pour les plus longs). Et il fallait bien sur trouver une explication concrète moléculaire et cellulaire...Elle vient d'être apporté dans un article de Nature d'aujourd'hui (Gomez et al.). On sait depuis longtemps que les vertèbres sont issues de structures répétées le long de l'axe avant-arrière de l'embryon qu'on appelle les somites. Or ces somites sont issus d'un tissu non divisé, le mésoderme pré-somitique qui se débite épisodiquement en rondelle de saucisson, les somites justement. Ce mésoderme pré-somitique crée une nouvelle rondelle de somite de manière très précise, par exemple toutes les 90 minutes chez l'embryon de poulet jusqu'à donner le nombre total de somite caractéristique d'une espèce qui correspond (en gros) au nombre de vertèbres. Le contrôle temporel de ce phénomène a été expliqué par une horloge moléculaire, c'est-à-dire des gènes qui s'expriment puis s'éteignent de manière régulière (selon un mécanisme trop compliqué à expliquer ici mais parfaitement connu). A chaque vague d'expression correspond la formation d'un somite. Chez les serpents, l'horloge tourne beaucoup plus vite que chez les autres vertébrés, c'est-à-dire que la succession allumage/extinction de gènes va jusqu'à 4 fois plus vite, ce qui aboutit à débiter plus de rondelles de saucisson (somites) par unité de temps. Au final, beaucoup plus de somites et donc de vertèbres. En compensation, histoire que les somites ne soient pas trop petits, le nombre de divisions cellulaires dans le mésoderme pré-somitique est aussi plus élevé, ce qui compense partiellement les effets de l'emballement de l'horloge. Maintenant, comme d'habitude on ne fait que repousser le problème : quels gènes font accélérer l'horloge ??

jeudi 10 juillet 2008

And the winner is...

Je suis en train de redécouvrir "Questions pour un champion" à l'occasion de l'achat d'un jeu vidéo qui permet de participer virtuellement à l'émission comme candidat face à des joueurs pilotés par l'intelligence artificielle ou d'autres joueurs réels.
Je me souviens que je regardais ce jeu régulièrement au début des années 90, quelquefois avec ma grand-mère tchèque qui ne comprenait pas un mot aux questions mais qui suivait quand même passionément ce jeu (ah, ce beau Julien Lepers !). Le jeu vidéo reconstitue tous les "Lepersismes" ou "Lepersinades" avec envolée des fameuses fiches jaunes quand il y a une belle victoire, phrasé scandé dès qu'il dit le titre du jeu...etc...mais ça tombe un peu à plat car on sent que le pauvre Julien a enregistré ces séquences tout seul dans le studio et pas au cours d'un "vrai" jeu.
Je me débrouille plutot bien, en fait je n'ai perdu qu'une fois (en une dizaine de jeu) et en plus sur une question de biologie : dans le face-à-face on en était à égalité 11/11 et j'ai pas su trouver tout de suite "la mangrove", ce que mon adversaire (virtuel) a découvert quand je lui ai passé la main. Heureusement que je dis à mes étudiants de ne pas oublier la mangrove quand il s'agit de parler de la faune et de la flore du littoral...

Voir aussi une petite séquence amusante tirée du jeu réel.

lundi 16 juin 2008

De l'usage de stupéfiants et autres substances hallucinogènes chez les concepteurs des sujets de philo au bac

C'est peu dire que l'un des sujets de philo de la série littéraire au bac m'a laissé complètement stupéfait : "La connaissance scientifique du vivant est-elle possible ?". Quel est l'intérêt de poser une question dont la réponse est tellement évidente ? Et dans le contexte où on démantèle le département des sciences du vivant du CNRS, c'est une véritable provocation !!
Je sais certes, qu'il faut remettre en question tous les sujets sans tabous, mais là je crois qu'objectivement il n'y a qu'une seule réponse possible à cette question. Ou alors cela veut dire que Pasteur et Darwin, parmi les esprits les plus brillants qui ont eu la grâce de fouler cette planète, ont fait une oeuvre complètement inutile voire inexistante (car impossible si je reprends l'antithèse de la question posée). Je pense en fait qu'il s'agit d'un sujet très mal posé. La question aurait du être "Une connaissance du vivant en dehors de la science est-elle possible ?", ce qui est plus ouvert et infiniment plus intéressant. Par exemple, l'agriculteur du néolithique, les jardiniers, le chasseur-cueilleur paléolithique ont une connaissance du vivant mais est-elle scientifique ? Ca c'est intéressant.
Mais avec le sujet tel qu'il a été réellement posé, je voudrais me transformer en petite souris et lire quelques copies de bacheliers derrière l'épaule des correcteurs. Le sujet a été posé aux séries littéraires donc il faut malheureusement s'attendre à une avalanche d'erreurs factuelles sur la biologie. J'attends aussi de pied ferme un corrigé de ce sujet hallucinant, ça devrait être un des textes de haute voltige de br...ette intellectuelle et complètement stérile (donc).

samedi 7 juin 2008

Whatever may have happened

Il y a de nombreux évènements culturels pourtant heureux qui auraient pu arriver, et qui ont même été à deux doigts d'arriver mais qui ont échoué à la dernière minute. Concernant Michael Jackson, il y en a des dizaines comme par exemple le duo prévu de Jackson et Prince sur la chanson "Bad". La chanson avait d'ailleurs été écrite spécialement pour cela, ce qui explique d'ailleurs sa structure bizarre et notamment le couplet "de trop" qu'il y a entre le premier et le deuxième refrain ("Your talk is cheap....etc..."). Ce couplet était prévu pour Prince. Michael l'a gardé dans la version finale où il chante tout seul mais ça déséquilibre la chanson.
Autre exemple, lors de la promotion de l'album "Invincible" en 2001-2002 il était prévu de sortir en vidéoclip "Unbreakable" et "Whatever happens". Tout est tombé à l'eau à cause de la maison de disque Sony qui a arrêté la promotion pour faire pression sur Michael pour qu'il revende la part qu'il détient dans les droits des chansons des Beatles (une histoire longue et complexe...). Donc, pas de clip, pas de choréographie (ni même sur scène car pas de tournée), pour "Whatever happens" qui est un véritable petit bijou musical. Donc je me propose de réparer cela en imaginant une choréographie possible présentée sur ce lien. Il a fallu fondre le style de Jackson dans un style hispano-arabisant plus coulant, même si le caractère changeant de la chanson permet de retrouver de temps à autre du pur style Jackson.
Et en guise de récréation, une choré 100% Jackson garantie sans additif ni conservateur sur "Jam", l'un des funk les plus durs du répertoire sur ce lien.

Profitez en. Je ne sais pas si dans 5-10 ans je serai encore capable de faire ces trucs.

samedi 31 mai 2008

Indiana Jones et le royaume des crânes d'oeufs


En trentenaire régressif et nostalgique des années 80, je me devais de voir le dernier Indiana Jones. Le premier, L'arche perdue, était brillant malgré une fin un peu ratée (déja...on va y revenir...); le second, le temple maudit, était un peu dans la surenchère mais ça passait; le troisième, la dernière croisade, était génial et je ne m'étais plus autant amusé au ciné jusqu'à Pirates des caraïbes ou American Beauty (dans un autre genre...). Le quatrième suit un peu la trajectoire d'une cascade (sans mauvais esprit sur une des parties de l'intrigue). Le début est génial, brillant et inventif. Ensuite, on a l'impression que les scénaristes ont rempli point par point le cahier des charges d'un Indiana Jones : il faut :
* des temples qui s'effondrent
* des autochtones primitifs très...primitifs
* la course-poursuite de 20 minutes avec rebondissements multiples
* la scène "alibi" à l'université pour nous rappeler que Jones est un prof
* des bébêtes repoussantes (alors les serpents c'est fait, les rats c'est fait, les cafards c'est fait; ah oui ! bien sur les scorpions et les fourmis mangeuses d'homme !)
* le running gag avec le chapeau d'Indiana
* la carte mystérieuse avec plein de dessins qu'on comprend rien dessus
* la relation chaotique père-fils
* caser quelque part le "gag" de la fille qui donne un coup de pied dans les c....es d'un héros
* des tombes avec des cadavres à des états de décomposition divers
A la fin du film, on est en bas de la cascade. C'est assez mauvais et totalement prévisible : Non Steven, pas le vaisseau spatial, non, pas le vaiss...eh si ! c'est un vaisseau spatial ! Ne pensez pas que je suis vicieux et que je vous dévoile la fin, de toute manière on le voit arriver à des kilomètres en jaune fluorescent et clignotant. En fait, ce film c'est la version agitée de "téléphone rentrer maison" de ET. Et il y a une morale à tout ça : la connaissance c'est mieux que l'or. Et l'un des personnages nous le dit au cas où on n'aurait pas compris...
Malgré tout, on passe quand même un bon moment et puis il y a Cate Blanchett. Ah ! Cate...

vendredi 30 mai 2008

De Materpiscis et des articles foireux du "Monde"

Dans le dernier Nature du 29 mai, on annonce la découverte d'un des plus ancien embryons fossiles connu qui appartient à une nouvelle espèce du genre bien nommé (vous verrez pourquoi) Materpiscis, un poisson placoderme. Les placodermes sont des poissons gnathostomes (à machoire) exclusivement connus à l'état de fossile. Ils ont vécu il y a environ 400 millions d'années environ (du silurien au dévonien). Leur tête et leur thorax étaient recouvertes de plaques renforcées d'où leur nom. La surprise est venu du fait que l'embryon a été découvert dans le ventre de sa mère et reliée à elle par un cordon ombilical formé à partir du sac vitellin, une situation que l'on retrouve actuellement chez certains requins. Même certains Mammifères ont des placentas qui se forment de manière similaire. On a donc un exemple fossile de viviparité vraie c'est à dire une incubation d'un embryon dans les voies génitales femelles avec nutrition par la mère. C'est bien sur exceptionnel chez les poissons et c'est encore plus exceptionnel de l'avoir trouvé chez un fossile. La viviparité est clairement apparue des multiples fois de manière indépendante au cours de l'évolution : chez les insectes (si, si, chez la mouche tsé-tsé), chez les requins, chez les placodermes (donc), chez certains amphibiens (salamandre noire) et reptile et bien sur chez les mammifères marsupiaux et euthériens.
La fête est un peu gâchée par l'article que Le Monde a publié sur le sujet. L'auteur, Christiane Galus (qui n'en est d'ailleurs pas à ses premières bêtises : si mes souvenirs sont bons, il y a quelques années c'est elle qui avait traité les trilobites de poisson ce qui est une monstrueuse hérésie que même mes élèves les plus nuls ne feraient pas (et c'est pas peu dire...)) a accumulé les erreurs parlant d'un cas d'ovoviviparité (alors que les auteurs de l'article précisent bien justement que ce n'est pas de l'ovoviviparité (car ici l'embryon n'est pas juste "incubé" dans les voies génitales maternelles mais en plus il y est nourri par la mère). Donc elle ne sait pas lire correctement les articles. Ensuite, il y a cette phrase monstrueuse : "il y a 375 millions d'années, certains poissons osseux ont transformé leurs nageoires en membres pour se hisser sur la terre ferme". Totalement finaliste et complètement faux, puisque les nageoires (paires) se sont transformés en membre AVANT la sortie des eaux et le fameux "hissage" sur la terre ferme. Je crois qu'il y a un plan de licenciement au Monde. Je connais une très bonne candidate pour le départ...

samedi 17 mai 2008

Adoptez un Massospondylus




Cherchez l'erreur sur cette image !
Oui, je crois que ça crève les yeux que ce brave Massospondylus exposé ainsi au British Museum n'est pas un quadrupède mais un bipède. Or il a fallu attendre 2007 pour rectifier sa position à la suite d'un article dans une revue de paléontologie. Nos amis les Massospondylus sont des dinosaures du Jurassique de 4 mètres de long pour 135 kg en moyenne (très svelte finalement). Le premier fossile a été découvert par le britannique Richard Owen en 1854. A la fin des années 1970s, on a retrouvé des embryons de ces dinosaures (la première découverte de ce genre).
Ces embryons étaient assez âgés, quasiment près à éclore et sans dents, ce qui fait penser qu'ils ne pouvaient pas se nourrir par eux-mêmes et donc dépendait de papa-maman dinosaure. Des soins parentaux de dinosaure, rien d'exceptionnel; rappelons que les oiseaux sont des dinosaures. Les jeunes dinosaures de cet espèce étaient clairement quadrupèdes, ce qui fait dire que la quadrupédie des sauropodes sont ils seraient les ancêtres est un exemple de pédomorphose (rétention des caractères juvéniles). Enfin les Massospondylus avaient des os avec des cavités formant des sacs aériens, là aussi un caractère que l'on retrouve chez les oiseaux et qui a apparemment existé chez les dinosaures totalement indépendamment de la baisse de densité nécessaire au vol.

mercredi 7 mai 2008

Questions pour un champion ?

J'ai participé tout à l'heure au chat sur lemonde.fr et telerama.fr avec le
Ministre de l'Education Nationale M. Xavier Darcos.
Deux de mes questions ont été retenues. Je vous les retranscrits en dessous.
Vous pouvez voir l'ensemble du compte-rendu du chat sur le site
http://www.telerama.fr/monde/retranscription-darcos,28676.php

Patrick PLA : Quel est l'avenir des concours de recrutement des enseignants,
comme l'Agrégation ou le CAPES ? Jusqu'où ira la baisse du nombre de postes à
ces concours ?

Xavier Darcos : Nous recruterons 18 000 fonctionnaires l'année prochaine.
C'est un chiffre important. Ni le CAPES ni l'Agrégation ne seront remis en
cause. Nous souhaitons simplement, dans le cadre des équivalences européennes,
que les candidats à nos concours soient au niveau master.

Patrick PLA : Quand est-ce qu'on en finira avec le système idiot qui veut
qu'on envoie les enseignants les plus jeunes, les plus inexpérimentés et les
plus fragiles dans les zones d'éducation les plus difficiles ?

Xavier Darcos : Excellente question, sur laquelle nous nous sommes tous cassé
les dents. Je ferai des propositions en ce sens, mais je ne vois pas comment
imposer à un titulaire qui est en milieu de carrière de quitter un service qui
lui convient pour aller occuper un emploi plus difficile. Mais je le répète,
c'est une des sources de nos difficultés, notamment parce que nous avons
besoin, dans les zones sensibles, d'une stabilité des équipes pédagogiques.

Mon commentaire sur les réponses de Xavier Darcos :
Mauvaise foi absolue sur la première question : 18 000 est un chiffre important certes, c'est plus important que 17 999 effectivement... Le ministre se garde bien de nous dire le nombre d'Agrégés et de Capésiens les années précédentes. Il ne répond pas à la dernière partie de ma question sur la baisse. Pour l'équivalence Agrégation/Master il y a ambiguité : l'Agrégation est un concours et le Master un diplome. Darcos veut-il dire que tous ceux qui obtiendront l'Agrégation auront le Master ?

Deuxième question : eh bien si, Monsieur le Ministre, il faut imposer à un titulaire en milieu de carrière d'aller dans une zone difficile !! Car en échange en début de carrière il aura été en zone plus "facile" (même si ce genre de zone a tendance à se rétrécir...). Le temps passé dans des zones faciles ou difficiles restera le même à l'échelle d'une carrière mais réparti différemment dans le temps. Les enseignants en fin de carrière (plus de 50 ans) retourneraient dans les zones faciles et serviraient de tuteur pour leur collègue qui iront en zone difficile. Les enseignants sont, je pense, suffisamment matures et intelligents pour accepter ce "deal". Les syndicats peut être un peu moins....


mardi 22 avril 2008

Les fourmis et les champignons


Encore une histoire de société animale mais cette fois-ci concernant les fourmis à travers un article paru dans PNAS (les compte-rendus de l'académie des sciences des USA) : Mueller et al., vol. 105, p. 5287. Elle concerne les fourmis qui cultivent des champignons pour se nourrir, un véritable équivalent d'élevage agricole dans le monde animal. Parmi ces fourmis, il y a les fourmis qui découpent les feuilles et font se développer sur ces feuilles des champignons dans des "niches" bien structurées de leur fourmilière souterraine gigantesque. Ces fourmilières peuvent survivre jusqu'à 20 ans (ce qui est une sorte de record) avec jusqu'à 10 millions d'ouvriers et le volume de champignon cultivés par fourmilière atteint le volume d'un bus. L'avantage de se nourrir de champignons est que le tissu mycélien est beaucoup plus dense et nutritif que le tissu végétal. La co-évolution fourmi-champignon et donc la révolution néolithique myrmécorienne a commencé il y a 50 millions d'années. Pendant 30 à 40 millions d'années, les fourmis prélevaient un morceau de champignon "sauvage" poussant dans la nature pour la fondation de chaque nouvelle fourmilière. Puis, il y a eu passage à un système plus fermé où les champignons se transmettent de fourmilière en fourmilière, la nouvelle reine emportant un morceau de champignon avec elle. Ce qui a changé la donne, car les populations de champignons cultivés n'échangent plus de gènes avec les populations "sauvages", ce qui a encore plus renforcé leur spécialisation et leur co-évolution avec les fourmis. La situation devient encore plus complexe lorsqu'on considère que les fourmis abritent sur leur cuticule une bactérie qui produit des molécules qui protègent les champignons contre un parasite du genre Escovopsis. Donc les fourmis fournissent à leurs champignons le gite, le couvert, la soupe et la pharmacie !

mercredi 9 avril 2008

La reine, l'ouvrière et l'ADN méthyltransférase


Quelques infos sur un article très intéressant paru dans un des derniers Science (Kucharski et al., Science, vol. 319, 1827-1830) qui apporte un début d'explication moléculaire à la différenciation des ouvrières et des reines au sein des sociétés d'abeille.

Petit rappel : Les abeilles mâles (les faux bourdons) sont issus de la parthénogénèse de la reine. Il s'agit du développement de l'ovule sans fécondation par un spermatozoïde et pour cause : la reine ferme le sphincter de sa spermathèque (l'organe qui stocke les spermatozoïdes obtenus lors des précédents accouplements) quand elle produit les mâles. Donc les mâles n'ont qu'un lot de chromosomes alors que normalement on en a deux (un lot de maman, un lot de papa).
Les abeilles femelles sont issus d'une reproduction sexuée avec fécondation (sphincter de la spermathèque royale ouvert). Les abeilles femelles deviennent ouvrières ou reine selon la nourriture reçue : toutes les larves sont nourries avec de la gelée royale pendant 3 jours (la gelée royale est une sécrétion des glandes hypopharyngiennes des ouvrières). Ensuite, seules les futures reines continuent à être nourries de gelée royale (et en grande quantité), les futures ouvrières sont nourries avec un mélange de pollen, de nectar ou de miel dilué. Seules les futures reines développent alors des organes sexuels matures. C'est un des cas les plus clairs de l'influence de l'environnement (ici la nutrition) sur la développement (ici en particulier la différenciation des organes sexuels et aussi sur la morphologie générale).

Comment ça marche au niveau moléculaire ? Les auteurs de l'article suggèrent que c'est une histoire de méthylation de l'ADN et donc de contrôle de l'expression des gènes. Un gène est plus ou moins exprimé selon l'état de l'ADN d'une région appellée promoteur. La méthylation, c'est-à-dire l'ajout d'une fonction chimique CH3 sur les protéines entourant l'ADN ou sur l'ADN lui-même modifie l'état de ce promoteur et donc l'expression du gène.
Les auteurs ont aboli artificiellement la fonction de Dnmt3, une ADN méthyltranférase, une enzyme qui accroche des CH3 sur l'ADN. Dans ce cas, la majorité des larves nourries selon la recette pour donner des ouvrières devient des reines avec des ovaires parfaitement matures ! Ils montrent en plus qu'effectivement la méthylation de certains fragments d'ADN est modifiée entre les futures reines, les futures ouvrières et les futures reines qui ont subi le siRNA et destinées initialement à donner des ouvrières.

Donc on a la démonstration d'une modification sur l'ADN (la méthylation) qui est déterminée par un facteur environnemental (la nourriture) (comment ? mystère pour l'instant...) et qui influence le développement des organes (notamment reproducteur) dans un contexte de société animale.

samedi 29 mars 2008

Des nouvelles de Sirius, Oscar, Julie et Rossy


Un site suisse permet de suivre la migration des oiseaux et tout particulièrement des milans royaux qui ont été bagués avec l'équivalent d'un GPS. Chacun des milans a un prénom.
Aux dernières nouvelles, Sirius a parcouru 220 km en 24h de son lieu d'hivernage dans les Pyrénées vers l'Aveyron où il est encore. Va-t'il rester quelques jours la-bas ou va-t'il repartir pour la Suisse ? Le suspense est insoutenable...Oscar de son coté est déja retourné en Suisse. Il y est d'ailleurs depuis le 18 Janvier 2008 ce qui est un record de précocité pour un retour d'hivernage (un peu perturbé par le climat l'ami Oscar ??). Il est actuellement prêt de son nid de l'année dernière. Nichera-t'il à nouveau dans le même nid ? Pendant ce temps, Julie reste pénard en Espagne, près de Burgos et Rossy est déja en Suisse depuis le 13 février et vu son age nichera pour la première fois cette année. Bientot dans vos kiosques un magazine people sur les milans royaux. Je suis sur que cela serait plus intéressant que les magazines peoples classiques...

mercredi 26 mars 2008

Six feet under toujours plus haut




Je viens de terminer de voir la 5ème et dernière saison de Six feet under, confirmant que c'est sans doute la meilleure série télévisée faite à ce jour. La qualité d'écriture, de jeu et de réalisation est digne des meilleurs films et tous les thèmes essentiels de la vie (et de la mort) sont abordés avec originalité, humour, beaucoup d'émotion sans perdre de réalisme. Cela peut paraitre paradoxal pour une série qui fait parler les morts, mais c'est justement le "tour de force" réussi des scénaristes. Les trois derniers épisodes sont des chef-d'oeuvres du genre et les dernières 10 minutes où on découvre le destin final de tous les personnages est complètement bouleversant.
La vidéo en lien au-dessus est la campagne promotionelle pour la 5ème saison. En fait, toute l'histoire de cette saison est très habilement et subtilement codée dans ce film mais on ne peut s'en rendre compte qu'après avoir vu la fin !

En bonus, quelques phrases de dialogue piochés dans différents épisodes et tirées de leur contexte mais qui résument bien l'esprit :

Maggie Sibley: I know that if you think life's a vending machine where you put in virtue and take out happiness that you're going to be disappointed.

Claire: If we live our lives the right way then everything we do can become a work of art.

Nate: Why do you treat me like shit all the time, Brenda?
Brenda: Because I've had a really fucked-up life and I need sarcasm to hide how ridiculously miserable I am!

Officer Keith Charles: [talking to his gay friend David about marriage] You're in my will, I'm in yours. We basically are married, even if the law refuses to recognize it. But then again, I refuse to recognize most of the Bush Administration. I guess it all evens out.

Marc's Boyfriend: [of a blaring car stereo] Hey, so, does bad music make people deaf or do deaf people just have really bad taste in music?
Marc Foster: Well, there is Beethoven...

Margaret: Ruth, it isn't the '50s anymore, no matter how you dress.

Claire: So how have you been with your art?
Russell Corwin: I've been good. Been really really good. My work has gone to some amazing places since I got hit by a car.

Edie: I really like your penis. To bad you're attached to it.

Claire Fisher: I wish I was gay.
David Fisher: Ohh, no.
Claire Fisher: Well, then I wouldn't have to deal with unfamiliar sex organs!
David Fisher: They're all unfamiliar unless they're yours.

David Fisher: I forgot to pray. Can you believe it? I totally forgot to pray.
Claire: That's OK. God saved you anyway, right?

Ruth Fisher: I want to know why your other wives left you!
George Sibley: Because they asked too many fucking questions!

Nate Fisher: None of this turned out the way I wanted it to. I wanted to love you. I did love you. And I just felt like we were beginning to... I know we were. I know it in my heart. I feel like I had this once-in-a-lifetime chance and I fucked it up.
Lisa Kimmel Fisher: Nate, I'm not a chance. I'm a person.


Nate Fisher: [witnessing his open-casket funeral] Damn it, David, I told you I wanted to be cremated.

Nate Fisher: Will you hurry up? I don't want to be late for my funeral.

Claire: Let's just sleep together!
Edie: Now?
Claire: In a second. I need to brush my teeth


dimanche 23 mars 2008

Les créationnistes contre-attaquent

Un article intéressant sur une tentative d'interprétation créationniste des
mitochondries passée dans une revue scientifique avec peer-review (revue par
les pairs) pourtant réputée "sérieuse", Proteomics.

http://www.rue89.com/2008/03/22/quand-un-puissant-createur-sinvite-dans-une-revue-scientifique

Il s'agit d'une interprétation complètement farfelue, créationniste, noyée au milieu de données scientifiques relativement juste, ce qui la rend d'autant plus dangereuse.

Ce qui est très fort, c'est que quand on va sur PubMed (une base de données scientifique) pour voir le résumé de l'article en question, l'article a été retiré, non pas sous prétexte que son
contenu est en partie farfelu mais à cause du fait qu'il contient des "copier-coller" d'autres articles publiés par ailleurs !

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18214846

Le plus grave est que cet article ait pu intialement être publié la revue par les pairs, c'est-à-dire une relecture par des scientifiques indépendants. Ils ont certainement manqué de vigilance ou sont des crypto-créationnistes eux-mêmes.

Signalons que l'article (celui de rue89.com et non pas l'article de Proteomics
incriminé (D... nous en garde) a été écrit par une des mes anciennes étudiantes (Fabienne Gallaire).

mercredi 19 mars 2008

Les fantômes du métro de Paris

On trouve des articles très intéressants dans Wikipédia (c'est un pléonasme)...notamment sur les transports en Ile-de-France. Il y a notamment une page spéciale sur les stations de métro fantôme à Paris où l'on apprend que pas moins de 5 stations ont été construites...mais jamais ouvertes au public. Notamment une station de métro en plein milieu de l'aéroport d'Orly appellé Orly-Sud qui était prévu pour un prolongement de la ligne 7 qui n'est pas allé au-delà de Villejuif. Quand je pense que les voyageurs voulant se rendre à Orly doivent prendre le RER B (et contribuent à la surcharge chronique de cette ligne de RER (encore un pléonasme...)) et changer à Antony pour OrlyVAL alors qu'une liaison directe par métro était prévue...Le ministre des Transports à l'époque de la construction d'Orly avait posé la première pierre de la station, mais elle n'a jamais été inaugurée !
Mais les stations fantômes peuvent être ramenées à la vie : l'une de ces stations, Haxo, située entre la Porte des Lilas et la Place des Fêtes pourrait être enfin utilisée (plus de 70 ans après sa construction !) pour la ligne de métro 15 qui serait en fait la fusion entre les lignes 7bis et 3bis. C'est prévu pour 2013.

mardi 18 mars 2008

Miroir déformant


Une intéressante initiative de l'Observatoire des Médias et de Rue89.com qui publient les cartes subjectives des pays du monde selon la fréquence des articles qui les traitent dans les journaux.
Voici la carte pour les journaux français. Plus c'est rouge, plus c'est gros, plus il y a d'articles. Outre l'évidente hypertrophie de la France, on voit que l'Afrique se résume à l'Algérie, au Maroc et à l'Afrique du Sud; que l'Amérique du Sud se résumé au Brésil et que la Colombie doit sans doute sa teinte orange pâle à cette pauvre Ingrid Bétancourt. L'ex-bloc de l'Est est un no-article land sauf peut-être la Pologne. La carte serait encore bien pire si on regardait les journaux télévisés : l'étranger se résume à Israël (et ses annexes palestiniennes), la Chine, les USA, la Russie, l'Allemagne et l'Angleterre sans oublier l'Irak, l'Afghanistan et le Pakistan. Même des pays pourtant peuplés et intéressants comme le Japon ou l'Inde sont très mal couverts à la télé.
Mais à part ça vous saurez tout sur la dernier micro-remaniement du staff de Nicolas S...

vendredi 14 mars 2008

Lord of the parody

Une brillantissime parodie des bonus que l'on peut trouver dans les DVD ou que serait-il arriver si "Lord of the rings" avait été tourné par Georges Lucas, le créateur de "Star wars". C'est assez critique sur une certaine manière d'aborder le cinéma qui montre bien la limite du système Star Wars.
Une autre parodie, cette fois-ci du conseil d'Elrond avec un Anneau Unique qui finit par être utilisé pour faire un piercing, je vous laisse imaginer où...C'est vraiment très drôle et c'est un superbe montage entre les images du film et des images "additionnelles".
Ensuite notons également un montage d'un remix "musical" sur la phrase culte de "Pirates des Caraïbes 2" : "I have a jar of dirt".
Enfin le Harry Potter rap.

vendredi 7 mars 2008

Le tambour

Je viens de terminer "Le tambour", un très bon livre de Gunter Grass. C'est l'histoire d'une personne internée dans un asile, Oskar, et qui raconte sa vie dans l'Allemagne et la Pologne aux destins tumultueux des années 30 et 40. Oskar raconte qu'il a décidé de ne pas grandir (c'est un nain) et de passer sa vie à jouer du tambour. Il est aussi doué d'un don qu'on qualifiera de castafioresque: celui de briser du verre par ses cris. La part de folie et de réalisme qui anime son récit sont complètement indiscernables, ce qui donne au texte un aspect totalement unique. Le genre du livre est d'ailleurs le "réalisme magique". Grass utilise aussi un procédé assez déroutant puisqu'il alterne souvent les phrases à la première et à la troisième personne, comme pour mieux montrer la schizophrénie du personnage. Le texte est très dense, avec une dizaine de bonnes idées narratives par page et un style qui évite soigneusement toute phrase simple et linéairement construite. Ca peut fatiguer à la longue et le livre aurait gagné à être 10% plus court. Mais les aventures d'Oskar et de sa famille valent le détour : notamment la scène où il attend un miracle en espérant que la statue de Jésus dans une église joue de son tambour, ou encore toute la description d'une situation familiale peu ordinaire où le mari de la mère d'Oskar (qui n'est pas son père) devient le père présumé du fils d'Oskar (relisez-le lentement...), ou l'observation nocturne de la réaction des passants lorsqu'il crée par sa voix des ouvertures dans les vitrines des bijouteries, ou encore une scène de pêche aux anguilles avec un tête de cheval comme appât.

mercredi 27 février 2008

L'attaque des éponges carnivores


Ce n'est pas le titre d'un nouveau film d'horreur mais une découverte scientifique intéressante. Les Eponges ou Spongiaires sont des animaux à structure peu "élaboré" formé de deux couches de cellules organisées en une structure totalement asymétrique et remplie de pores qui permettent de faire circuler l'eau à travers l'animal. Les éponges (sauf notre cas) sont de pacifiques filtreurs qui mettent en mouvement l'eau dans les pores grâce à des cellules particulières appellés choanocytes qui agitent leur flagelle (un peu comme un spermatozoïde mais immobile). Les particules alimentaires (plancton, petites algues, déchets des poissons...) sont phagocytés (mangés) par les cellules.
Mais l'espèce découverte récemment (Asbestopluma hypogea, auteurs : Vacelet et Duport, publication en 2004) dans une grotte sous-marine méditerranéenne est toute différente. D'abord la structure évoque plutot un Cnidaire (un autre groupe d'animaux "simples" qui comprend les hydres d'eau douce, les méduses, les coraux...). Mais c'est bien un spongiaire. Ensuite son mode d'alimentation : il capture ses proies grâce à des filaments recouverts de spicules recourbés. Puis les cellules du reste du corps migrent vers la proie ainsi fixée pour la digérer. C'est un peu comme si vous allongiez le bras sur votre steack et que vos différentes cellules viennent tour à tour se servir un petit morceau en se déplaçant le long du bras !
Une digestion extracellulaire semble avoir lieu (ce qui est exceptionnel pour un Spongiaire où habituellement chaque cellule digère "pour soi" dans ses vacuoles de digestion après phagocytose). L'éponge semble aussi s'aider de la décomposition de la proie induite par des bactéries. Le tout peut prendre 8 à 10 jours pour les grosses proies.
Précisons que votre éponge de bain est tout à fait inoffensive...

dimanche 24 février 2008

Taratata

Je signale que des dizaines de vidéos de chansons extraites de l'excellente émission "Taratata" sont disponibles sur ce lien.
Par exemple, on peut y trouver ce pur moment de grâce, "The bridge over troubled water" de Simon-Garfunkel chanté par Noa et Maurane ou "Brought to my senses" qui est une des meilleurs chansons (peu connue pourtant) de Sting ou un medley de Véronique Sanson qui est sympa même si elle chante faux de tant à autre. Pour trouver les vidéos il suffit de taper dans le moteur de recherche en haut de la page du site Taratata.