jeudi 17 juillet 2008

Le secret de l'horloge des serpents


Le nombre de vertèbres est l'une des caractéristiques très précisément controlée au cours du développement embryonnaire pour chaque espèce (de Vertébré bien sur). Les champions en la matière sont les serpents qui peuvent avoir des centaines de vertèbres (jusqu'à 500 pour les plus longs). Et il fallait bien sur trouver une explication concrète moléculaire et cellulaire...Elle vient d'être apporté dans un article de Nature d'aujourd'hui (Gomez et al.). On sait depuis longtemps que les vertèbres sont issues de structures répétées le long de l'axe avant-arrière de l'embryon qu'on appelle les somites. Or ces somites sont issus d'un tissu non divisé, le mésoderme pré-somitique qui se débite épisodiquement en rondelle de saucisson, les somites justement. Ce mésoderme pré-somitique crée une nouvelle rondelle de somite de manière très précise, par exemple toutes les 90 minutes chez l'embryon de poulet jusqu'à donner le nombre total de somite caractéristique d'une espèce qui correspond (en gros) au nombre de vertèbres. Le contrôle temporel de ce phénomène a été expliqué par une horloge moléculaire, c'est-à-dire des gènes qui s'expriment puis s'éteignent de manière régulière (selon un mécanisme trop compliqué à expliquer ici mais parfaitement connu). A chaque vague d'expression correspond la formation d'un somite. Chez les serpents, l'horloge tourne beaucoup plus vite que chez les autres vertébrés, c'est-à-dire que la succession allumage/extinction de gènes va jusqu'à 4 fois plus vite, ce qui aboutit à débiter plus de rondelles de saucisson (somites) par unité de temps. Au final, beaucoup plus de somites et donc de vertèbres. En compensation, histoire que les somites ne soient pas trop petits, le nombre de divisions cellulaires dans le mésoderme pré-somitique est aussi plus élevé, ce qui compense partiellement les effets de l'emballement de l'horloge. Maintenant, comme d'habitude on ne fait que repousser le problème : quels gènes font accélérer l'horloge ??

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