Le prix Nobel de médecine vient d'être attribué à deux américains (c'est un pléonasme) et à un anglais pour leurs travaux vieux de 20 ans qui ont permis la mise au point de la technique dite du "knock-out" (KO). Il s'agit de comprendre la fonction d'un gène en le détruisant (on n'est pas forcément très subtil en biologie moléculaire...) ou mieux en le remplaçant par un autre gène (ça s'appelle très finement le knock-in) chez la souris. Nos Nobels ont découvert que pour réussir cela il fallait réaliser la mutation dans les fameuses cellules embryonnaires souches (cellules ES). La souris est suffisamment proche de l'homme (tout est relatif...mais nous raisonnons par rapport aux autres modèles classiques : levure, drosophile, xénope...) pour espérer modéliser des maladies génétiques humaines chez des souris. Le plus drôle dans l'histoire c'est que nos Nobélisés ont en fait commencé par échouer dans la modélisation d'une maladie.
Le premier KO réalisé par Martin Evans publié
en 1987 dans Nature consistait en une tentative de modélisation du
syndrome de Lesch-Nyhan (troubles neurologiques et comportementaux
(auto-mutilations) dus à l'accumulation d'acide urique) qui est
associé chez l'homme à des mutations dans HPRT (hypoxanthine-guanosine
phosphoribosyl transferase, une enzyme impliquée dans le recyclage des
bases puriques (des constituants de l'ADN). Et les souris KO obtenus, bien que ne produisant pas de HPRT,...n'ont pas présenté de phénotype (de maladie) !! C'est que les voies de
biosynthèse impliquées sont différentes entre l'homme et la souris.
C'est donc assez amusant de voir que dès le premier KO, les chercheurs
sont tombés sur le principal défaut de cette approche pour modéliser
des pathologies humaines... Mais en vingt ans bien d'autres KO ont été générés pour environ la moitié des gènes de la souris et ont amené une quantité d'informations incroyables dans tous els domaines de la biologie.
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