lundi 7 mai 2007

Tout va bien...

Bon alors, quelques commentaires sur la Présidentielle 2007.
Tout d'abord, rappel historique :
En 81, Mitterrand doit sa victoire à l'absence de soutien de Chirac pour VGE (c'est très clair dans la biographie de Chirac par Patrick Rotman). En 88, Mitterrand doit sa victoire à la nullité de Chirac.
En 95, Chirac doit son élection a son gros mensonge sur la réduction de la fracture sociale et au rejet du Mitterrand-fin de règne (dont Jospin malgré son droit d'inventaire apparait comme l'héritier). En 2002, Chirac doit sa réelection sur la croyance naïve que le tout-répressif va juguler la délinquance.
En 2007, Sarkozy doit son élection à une mystification, à une omerta médiatique, à la division dans les camps de l'adversaire. La mystification : faire croire qu'il est à l'écoute des aspirations des classes populaires et que ses mesures présentées sont sociales. L'omerta : les médias à ses pieds car les principaux propriétaires médiatiques et journalistes sont ses amis. Donc silence radio et télé sur ses contradictions, ses pertes de sang froid répétées dès qu'il n'a plus une caméra braquée sur lui, ses promesses intenables (remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite...), ses petits arrangements entre amis (appartement de Neuilly), sa lacheté (je n'attaque jamais "Madame Royal" mais je donne carte blanche à Copé, Hortefeux et acolytes pour le faire). Et la dictature des sondages : même quand il y a un reportage sur Royal, marteler sans cesse qu'elle est distancée dans les sondages, c'est finalement jeter le discrédit sur son programme supposé pas convaincant (je fais exprès de raisonner comme la France qui regarde Pernault et PPDA). Celui qui fait la course en tête gagnerait en sérieux et en légitimité.
La division : la droite UMP-Villiers-FN est relativement soudée idéologiquement, à part sur l'Europe, mais ce dernier sujet est mineur (à tort) dans la tête des gens. L'UMP malgré de très fortes divergences au départ (sarkozystes contre chiraquiens) a fini, comme toujours, par s'aligner comme un seul homme et au pas sur un guide suprême. LeS PS (le PS de DSK, le PS de Fabius et Emmanuelli, le PS de Montebourg) par contre et les autres partis de gauche ont des cultures trop différentes pour pouvoir former un ensemble cohérent et surtout former le grand'écart pour s'allier à l'UDF. D'où la navigation à vue de Ségolène Royal sur les sujets sociaux et économiques, où elle n'avait pas d'autres choix que de rester dans un flou artistique pour ne facher personne, ce qui lui a été fatal notamment lors du duel pour le deuxième tour. Avec le recul (c'est toujours facile après), le meilleur candidat était Strauss-Kahn car il aurait rassembler beaucoup plus de voix bayrouistes en étant plus clair et incisif en matière économique. Et il aurait eu plus de hauteur de vue pour le duel avec Sarkozy et paradoxalement aurait sans doute taper plus fort sur lui sans avoir à entrer dans une "colère" même saine. DSK a l'art de sortir les plus grosses vacheries tout en restant calme et majestueux, c'est une qualité essentielle en politique (cf. Mitterrand). Et quand Royal essaie de la jouer démago (faire racompagner les femmes fonctionnaires le soir), elle trouve toujours plus fort qu'elle sur ce terrain, Sarko est imbattable de ce coté.
Donc au final, Royal continue de s'admirer dans le miroir de la foule qui l'a portée et Sarkozy entame son mandat en allant diner au Fouquet's. Tout va bien...

1 commentaire:

Patrick PLA a dit…

En écrivant cela je ne savais pas encore le coup du yacht maltais prêté par Bolloré mais c'est la suite logique du Fouquet's. Sarko a bien le droit de prendre des vacances, j'imagine que la campagne a été épuisante, mais pas auprès d'un industriel qui possède des journaux, des chaines de TV et une agence de pub.