vendredi 22 juin 2007

Une surprise dans les marées rouges


Intéressante étude rapportée dans le Science du 15 juin 2007, sur des applications thérapeutiques innattendues de Karenia brevis. Cette petite bête est un être unicellulaire Eucaryote (un Dinoflagellé) qui fait partie du plancton et peut se multiplier jusqu'à rendre l'océan rouge lorsque les conditions de croissance sont particulièrement favorables (ça arrive régulièrement par exemple au large de la Floride). Or ces charmantes cellules produisent des toxines (pourquoi d'ailleurs ?) qui s'accumulent dans l'atmosphère au dessus des "marées rouges" et causent des problèmes aux asthmatiques et aux personnes ayant déja des difficultés respiratoires car ces toxines (les brevetoxines) sont des bronchoconstricteurs c'est à dire qu'ils diminuent le diamètre des bronches. Or, étonnament Karenia produit aussi son propre antidote puisqu'il produit une molécule (le brévenal) qui bloque la bronchoconstriction et permet même à des patients atteints de mucoviscidose d'avoir moins de mucus dans leurs voies respiratoires. Visiblement, il n'en produit pas suffisamment pour contre-balancer ses mauvaises toxines mais le brévenal a pu être synthétisé in vitro. La découverte de ce composé est un cas d'école de découverte faite au hasard. Les tests de toxicité des toxines planctoniques sont réalisées sur des petits poissons : les guppies qui y sont très sensibles. D'habitude, lorsque des guppies survivent à un test ils ne sont pas réutilisés pour ne pas interférer avec les autres expériences. Or, ce jour-là dans le labo américain en question, il n'y avait plus assez de guppies pour faire tous les tests alors exceptionnellement des guppies ont été réutilisés. Or, des guppies venaient de survivre au test d'un composé nouveau (le futur brévenal), ont survécu et ont été utilisés pour une expérience témoin avec une toxine léthale. Mais ils ont survécu. Le brévenal les avait protégés ! Comme quoi, une petite entorse aux protocoles n'est pas forcément toujours mauvaise...

1 commentaire:

Nicolas Renier a dit…

Une bien jolie histoire ! Cependant, cela confirme ce que j'ai toujours pensé : les dinoflagellées sont vraiment des sales bêtes.