mardi 10 mars 2009

Nature et Histoire

Je viens de finir un ouvrage du brillantissime Jared Diamond dont j'avais lu et commenté le livre "Effondrement" en Septembre dernier. Le nouvel ouvrage s'appelle "De l"inégalité parmi les sociétés". Une fois de plus, un pur chef-d'oeuvre à la fois extraordinairement érudit et synthétique sur l'histoire mondiale. La question de fond est la suivante : pourquoi ce sont les Européens qui ont envahi les Amériques et non pas l'inverse ? En fait tout s'est joué il y a entre 10 000 et 5 000 ans : la révolution néolithique et la domestication des plantes et des animaux a été la plus efficace dans "Le Croissant fertile" moyen-oriental. Sur les autres continents, le nombre d'espèces domesticables était plus limité. Notamment, en Amérique dès son arrivée via le détroit de Béring, l'Homme a exterminé tous les Mammifères dominants les écosystèmes ne laissant que le lama à domestiquer (le bison n'étant pas domesticable...). Notablement, l'Homme a éradiqué de ce continent les chevaux, ce qui bien sur a des conséquences dramatiques des millénaires plus tard quand on sait que les chevaux espagnols ont terrifié les peuples amérindiens. Le continent eurasien par sa configuration est-ouest et ses faibles obstacles géographiques a favorisé les échanges technologiques, commerciaux et culturels entre les peuples, ce qui n'est pas le cas en Amérique (configuration Nord-Sud donc forte zonation climatique et isthme étroits, Cordillières des Andes...): les Aztèques et les Incas s'gnoraient complètement alors qu'ils sont moins éloignés que l'Italie de Marco Polo et les Chinois...Enfin, la domestication massive a abouti à la transmission de nombreuses maladies des animaux aux hommes et c'est par ces germes (variole, etc...) que les Européens ont surtout conquis les empires aztèques et incas car ces peuples étaient très peu immunisés contre de tels fléaux. Cela a permis de conquérir des empires fortement peuplés et organisés avec un nombre ridiculement bas de "conquistadors" (à peine quelques centaines). C'est l'un des traités les plus anti-racistes qui soit : la supériorité eurasienne n'est pas génétique mais tient à leur environnement favorisé, à une succession de circonstances qui leur ont donné de multiples avantages. Une preuve de plus que l'histoire humaine est très dépendante des conditions naturelles géographiques et biologiques...

Aucun commentaire: