Un article paru dans la révue PNAS (Bakewell MA et al., 2007) montre que depuis notre séparation avec les chimpanzés il y a 6 millions d'années (ce qui fait seulement 250 000 générations), ce seraient les chimpanzés qui auraient subi plus de sélection naturelle "positive" au niveau des gènes que les humains. Une sélection naturelle "positive" correspond à un changement du code génétique qui aboutit à un changement d'acide aminé dans la protéine correspondante. Les chimpanzés totalisent 233 gènes modifiés (sur 14000 analysés), tandis que nous devons nous contenter de 154 gènes modifiés depuis l'ancêtre commun avec ces charmants cousins. D'où la conclusion que pour faire un humain (avec son gros cerveau, sa bipédie spécialisée...puis son temple d'Angkor et son TGV), il ne faut pas tant de modifications génétiques que cela, ce qui nous donne une petite piqure de rappel de modestie, ça ne fait jamais de mal.
L'étude cependant à des limitations : tout d'abord les changements d'acides aminés peuvent être neutres, sans effet notables sur l'activité de la protéine et fixé par le hasard dans les populations. Ainsi, il y a peut-être plus de modifications chez les chimpanzés mais la part des modifications qui n'ont qu'un effet nul ou mineur pourrait être plus grande que chez les humains. Il pourrait y avoir une objection à cet argument : les populations de chimpanzés jusqu'à une époque récente étaient toujours très grandes et peu fragmentés tandis que les populations humaines et pré-humaines ont sans doute été la plupart du temps faibles et fragmentés (à l'inverse de ces derniers siècles). Donc des sélections par "goulot d'étranglement" de mutations neutres sont plus probables chez les humains que chez nos cousins.
Ensuite, les auteurs se sont intéressés aux séquences codantes des gènes mais les promoteurs sont tout aussi intéressants à étudier, et souvent des modifications considérables peuvent être amenés au cours du développement par des modifications de l'expression spatiale, temporelle et quantitative d'un même gène (par exemple : toute la diversité de taille des becs des pinsons de Darwin dans les Galapagos sont liés à des modifications du promoteur d'un gène qui régule la taille des becs (BMP4 pour les intimes)).
En tout cas, encore un article qui montre que génétiquement nous n'avons rien de spécial dans l'arbre de l'Evolution. Mais qu'en pense Nicolas Sarkozy ?
mercredi 25 avril 2007
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